vendredi 18 septembre 2009

Hikikomori


Alors voilà. Depuis que je bosse sur ce #&**#? mémoire, plus je reste chez moi, plus j'ai envie de rester chez moi. Vous avez déjà connu ça vous ? Moi ça me fait tout drôle parce que normalement j'ai un besoin viscéral de '' prendre l'air'' chaque jour, quoi qu'il arrive. Et là, non.

Par exemple, ce soir, mon copain voudrait sortir voir un film en plein air, et quand il m'a dit ça au téléphone tout à l'heure, moi je me suis surprise à penser : « Sortir ?!...Va y avoir du vent, des gens partout, faudra prendre le vélo, faire attention aux voitures... oh la la... ». Bref, j'étais fatiguée rien que d'y penser...Où est le problème, me direz-vous : -Reste donc chez toi! - Oui, sauf que c'est pas moi ça ! Normalement je devrais sauter de joie en criant : « Enfin l'heure de ma libération a sonné ! » Tout ça m'inquiète un peu... car du coup, je me dis que je dois faire gaffe à pas devenir hikikomori.

Là, vous vous demandez peut-être : mais qu'est-ce qu'un hikikomori ? Éh bien c'est quelqu'un (souvent un jeune homme japonais, surtout l'aîné de la famille il paraît), qui décide de ne plus sortir de chez lui. Il y en aurait un million au Japon (ça commence à faire ! Mais sur 170 millions, ma foi, c'est de suite moins inquiétant..). Trop de pression sociale. On est mieux chez maman. Tellement bien qu'on ne sort plus, surtout si on n'a pas réussi à l'école, et vous savez que pour ça, ils sont impitoyables les Japonais. Du coup c'est la honte, une de plus pour les parents.

Notre hikikimori et ses boîtes de pizza

En novembre dernier, à ce propos, j'avais vu les trois courts-métrages intitulés « Tokyo !» et c'était pas reluisant, enfin pas très folichon je veux dire; en même temps, on aurait dû faire gaffe au point d'exclamation, maintenant je me dis qu'il sonnait comme un avertissement... Parmi ces courts-métrages, justement, il y avait l'histoire d'un hikikomori (c'est comme ça que j'ai appris leur existence) réalisé par un Japonais, Bong Joon-Ho (le genre de nom qu'on n'est pas obligés d'aller chercher sur wikipédia). Les deux autres courts-métrages étaient réalisés par des Français, l'un, de Michel Gondry, était l'histoire d'une fille qui se transformait en chaise, s'installant (façon de parler) chez un inconnu (elle avait dû se dire que c'était mieux que de faire tapisserie avec son copain qui la regardait plus!); et l'autre, signé Leos Carax, était l'histoire d'un homme nommé Merde (j'invente pas) venant des égoûts qui terrifiait tout Tokyo non seulement par son visage hideux, ses ongles crochus et le reste allant avec, mais aussi en balançant des bombes restant de la guerre (j'vous jure que j'invente pas !). Ma cousine, enceinte et à quelques jours du terme (on s'était dit qu'un p'tit ciné lui ferait du bien, c'était foutu !) refusait de regarder l'acteur car il était vraiment affreux à voir et elle avait peur d'avoir son visage comme image au moment d'accoucher ! Un grand moment de ciné. Heureusement, ce qu'il y a de bien avec les courts-métrages, c'est qu'ils sont courts.

Monsieur Merde sortant des égoûts

Mais revenons à nos hikikomoris.

Celui de Bong Joon-Ho, qu'on accueillit avec plaisir et soulagement malgré sa bizarrerie (-l'homme des égoûts c'était enfin fini !), bref cet hikikomori s'ouvre à nouveau à la vie extérieure après quelque chose comme dix ans et mille boîtes de pizzas qu'il conserve en piles bien alignées (ce qui fait que l'appart a quand même l'air clean, -japonais quoi) et cela grâce à l'arrivée d'une jeune livreuse de pizzas portant des porte-jarretelles... Éh oui, comme il ne regarde personne dans les yeux, en prenant la pizza, son regard tombe pile sur ce détail affriolant... Ce qui fait que pour la première fois depuis dix ans, il en oublie ses principes et regarde en face la jeune fille qui se trouve être fort mignonne, ce qui ne gâche rien. Au même instant, gros coup de bol : il y a un tremblement de terre, - subtile métaphore de son émotion, (- cela dit, ça reste crédible : c'est sismique Tokyo), et paf, la jeune fille tombe raide évanouie sur son paillasson. Il est obligé de la toucher pour essayer de la ranimer et doit s'isoler pour reprendre ses esprits. Je sais plus ce qui se passe au milieu, mais finalement le résultat c'est qu'il sort enfin de chez lui. Et nous du cinéma par la même occasion.

Tout compte fait, je devrais peut-être me forcer à sortir ce soir...

Sur ce, à plus!

mercredi 16 septembre 2009

Lost

Pas besoin d'être échoué sur une île déserte avec des monstres bizarres comme dans la série américaine (jamais su le fin mot de l'histoire d'ailleurs, j'ai arrêté après quelques épisodes : c'était quoi ces bruits dans la forêt ?), notre monde moderne suffit amplement pour se sentir ''lost'', - perdu quoi (je précise, tout le monde parle pas anglais).

Si, comme moi, vous regardez tous les jours des annonces de boulot sur anpe.fr ou sur la Gazette de l'emploi, sur Coordination sud, ou sur cadres-dont-personne-ne-veut.fr ou toutes-les-filieres-sont-bouchees-mais-essayez-il-reste-de-l-espoir.org, ou t-as-aucune-chance-des-la-naissance.com, ou vous-etes-sur-terre-c-est-sans-issue.fr, en surfant entre deux sur des forums où tous le monde cherche des réponses sans les trouver bien sûr, à part sur les boutures de cactus ou sur les confitures de mirabelle (il y a des choses tout de même rassurantes dans ce bas monde), vous comprendrez de quoi je veux parler.

Lost, complètement lost.

Et si on lançait un club ? Ça pourrait s'appeler : « Lost Club (ça rappellerait Fight Club, en moins violent bien sûr), le club des losers », ou éternels-paumés.fr pour lutter contre l'anglicisation galopante. Le problème c'est que ça sonne quand même pathétique et les gens aiment très modérément l'autodérision, ça paraît toujours un peu suspect : « Untel dit du mal de lui-même ? Il doit forcément y avoir un fond de vérité » et en plus :

« Ne dites jamais du mal de vous, vos amis s'en chargeront toujours à l'envi », dixit Talleyrand, qui cela dit devait parler en connaissance de cause car ce n'était pas exactement un enfant de coeur (avoir été dans la même vie évêque et homme politique, ça rend pas spécialement sympa !).

- You have to be your best friend, so don't laugh at yourself, you have to love yourself, - sinon qui le fera ? (reste de philosophie à deux balles san franciscaine)... -Ah bon ? On peut s'autosuffire ? On n'a pas besoin d'être utile à la société en faisant un boulot nase ? - Non, on travaille juste pour gagner des sous et avoir un statut social.- Ah bon. Mais si moi j'ai envie de me sentir utile ? - Change, accepte la réalité, sinon tu seras broyée par le rouleau compresseur du Bon Sens. - Ah...

Ce qui est rigolo, c'est que dans les annonces, il y a toujours des postes publiés qui consistent à conseiller à d'autres comment trouver un job. C'est quand même génial, mais c'est logique : il faut bien qu'ils commencent un jour. Parfois même, ironie du sort typique de notre société qui insiste bien à nous faire sentir que nous sommes tous interchangeables (but never forget you're so unique !), ces gens-là se font virer (ça s'est passé pour une centaine de conseillers anpe récemment).

J'espère au moins qu'ils avaient appris comment bien négocier leur licenciement...

Sur ce, à plus !

mardi 15 septembre 2009

Problèmes de problématiques

Alors voilà. Toutes les bonnes choses ont une fin. Les vacances aussi. Mais heureusement, on n'arrête jamais de rigoler dans la vie. Et pour ça, il y a l'existence d'une chose qui s'appelle le Devoir. Pourquoi le Devoir fait-il rigoler ? me demanderez-vous perplexesss (coquetterie d'auteur, parce que vous êtes nombreux à me lire, d'autant que j'ai laissé passer deux mois exprès pour rendre le suspense insoutenable...). Je disais donc : pourquoi le Devoir fait-il rigoler ? Éh bien, parce que le Devoir ça nous fait faire des trucs pas croyables, que même en rêve on ferait pas.

Tenez, moi par exemple (au hasard). Je suis en train de rédiger un mémoire de stage problématisé. Oui vous avec bien lu : problématisé, ça veut dire que je dois chercher un voire plusieurs problèmessss (ça c'est plus une coquetterie d'auteur, c'est un cauchemar d'étudiant !). Car quand les gens n'ont pas assez de problèmes, ils s'en créent, c'est bien connu ! Et c'est ainsi que tout le lycée et la fac nous la demandent, non, que dis-je, la réclament à cor et à cris : la problématique.

Sans elle, tout serait si simple, on raconterait notre expérience de stage, nos problèmes (ben oui, quand même), nos coups de génie (en étant modeste, cela s'entend). Mais avec la problématique, que nenni, on construit du sens, on organise le chaos, tout cela sur fond de problèmessss. Donc soucis, gros soucis. Procrastination infinie. On avance moins vite que les autres. Plus que 15 jours, et encore 75 pages sur les 80 à écrire. Kilométrage exaspérant.

- Et si je veux faire du condensé moi ? - Nan ! Tu fais comme on t'a dit, 80 pages [c'est ma Conscience qui me parle] ! - Ok, ok... Et je peux faire du copier-coller sur des trucs pas importants ? -Nan malheureuse (t'as été prof toi ??), cela s'appelle du plagiat, c'est que les abrutis et les paresseux qui font ça ! - Mais les mecs sur Wikipedia, ils ont dit ça vachement mieux que moi... - Nan jeune fille (encore coquetterie de l'auteure_), prenez confiance en vous. -Et de la paraphrase ? - Mal, très mal, trèèès bête.-Bon bon, ça va, je vais faire des problématiques personnelles (j'en fais déjà une affaire personnelle, ça sera pas si dur) avec des phrases personnelles.

Et la rigolade dans tout ça ? Éh bien c'est que dans quinze jours, quoi qu'il en soit, ce sera fini !

Sur ce, à la prochaine, pour une chronique sur notre bien-aimée (ou pas) Capitale, que je pourrai arpenter sans trop de culpabilité, le pire de tous les démons intérieurs...