lundi 4 mai 2009

A Kratie, chez la famille Pat

Alors voilà. (Entre parenthèses, un ami m'a dit que ces deux mots le faisant penser à chaque fois à Brigitte Bardot : « Alors voilâââ.... » ! Mais nos points communs s'arrêtant là, je peux continuer sans risque de confusion !). Ayant trois jours de week-end grâce au 1er mai, je suis allée à Kratie, à plus de 6 h de bus de la capitale (à l'aller on a mis 8h... faut être motivé !)..., une toute petite ville au bord du Mékong, située à l'opposé des circuits touristiques classiques.

 

Kratie

C'est tout petit et très tranquille. Les deux attractions sont la promenade au bord du fleuve, et le marché (comme tous les marchés ici); ah et j'oubliais : les dauphins d'eau douce, fierté locale, mais il faut payer 12 dollars entre la moto et le bateau pour y aller, alors j'ai décliné, j'ai déjà vu d'autres dauphins dans ma vie !

Le lendemain matin, debout à 6h : le soleil se lève plus tôt et se couche plus tôt, alors je me suis vite mis au rythme, pour profiter de la fraîcheur; d'autant que mes soirées sont tranquilles : je mange à 19h, comme chez ma grand-mère, non, même plus tôt ! et puis lecture (un bon livre est indispensable quand on voyage seul) et puis dodo vers 22h après avoir écrasé plusieurs cafards volants (5 la première nuit, et un seul le lendemain, mais sur mon lit !) ; ils doivent être attirés par la lumière ! Ça prend du temps, il faut attendre qu'ils se posent, en priant pour que ce ne soit pas sur le lit !

Un petit guide touristique très bien fait indique des balades à faire dans le coin; je loue un vélo, et à 7 h du matin me voilà partie. Tout le long de cette petite route le long du Mékong, ce ne sont que des « Hello ! » lancés par tous les petits enfants mais aussi par les adultes, tout sourire. C'est bien agréable de bon matin ! Les maisons à la campagne sont quasiment toutes sur pilotis, certaines sont très modestes, d'autres vraiment très belles et spacieuses.

 

« Visite guidée » inattendue

Au bout d'une heure, à m'arrêter tous les 100 m pour prendre des photos, un jeune garçon à moto (il semble avoir 12-13 ans, en fait il en a 16) engage avec moi une discussion en anglais ; il est avec son petit frère (de 1 an et demi!) se tenant debout le nez dans le guidon au sens propre ! Je le prends d'abord pour une petite fille car il porte une robe. Il me demande si je veux visiter la « pagoda », le temple qui est juste à côté; il y en a dans chaque village, souvent monumental. Les quelques moines, tout jeunes, se tiennent à l'écart (j'ai appris dans les guides qu'une femme n'a pas le droit de toucher un moine...; sage précaution, car ils peuvent défroquer quand ils le veulent ! le statut est très souple, on peut être moine quelques mois, quelques années avant le mariage, ou le rester; pour bien des jeunes, c'est souvent simplement l'assurance d'être nourris et logés).

On fait le tour, et avant de partir on joue avec son petit frère avec les 12 animaux du zodiaque chinois : le tigre, le cochon, la chèvre...qui sont représentés sous forme de petites sculptures. Le petit Sothea est fasciné et coup de chance pour lui, il a juste la taille qu'il faut pour monter dessus ! Tournez manège ! Bona, son grand-frère, me dit qu'il veut devenir médecin, mais que comme il est pauvre il veut faire guide d'abord, c'est pour ça qu'il pratique son anglais avec les étrangers dès qu'il peut. Il me dit qu'il doit faire des courses pour sa mère mais que je suis la bienvenue chez lui. On se salue; je lui donne un dollar pour le remercier de cette visite guidée en lui disant de le mettre dans sa future cagnotte de médecin...

 

Chez la famille Pat

Une heure plus tard, j'étais sur le chemin du retour (9h, il fait chaud !), et le voilà qui me rattrape : « Tu peux venir chez moi si tu veux ! » Je ne me fais pas prier ! Et me voilà dans la petite maison de la famille Pat, tout en bois. À côté vit la tante de Bona, et la plus belle et la plus grande des maisons voisines appartient à la grand-mère.

Quand j'arrive, la mère me dit (son fils traduit) en riant : « Voilà la maison (ptea), désolée, c'est très simple, nous sommes pauvres ! »La maison des Pat doit faire 12 m2 avec la cuisine un peu en retrait,- on cuisine au charbon. Et en guise de salle de bains, il y a le Mékong qui est a une dizaine de mètres ! Les trois enfants (Bona est l'aîné) dorment dans le lit fermé par des rideaux. Les parents et le petit dernier, Sothea, dorment sur une natte par terre.Les vêtements sont entassés dans une petite penderie et sur un porte-manteau. Il y a aussi une petite télé très vieille, et par terre un petit autel pour les esprits protecteurs de la maison qu'ont tous les Khmers dans leur maison ou à l'entrée et devant lequel ils font brûler de l'encens régulièrement.

 

Séance de pose-photos !

La maman de Bona me dit qu'elle est très contente que je sois là; ils ont plusieurs photos de touristes qui leur ont rendu visite. Elle veut savoir ce que je fais en France, et me tape sur la cuisse en riant quand je lui dis que je suis professeur, ça lui plaît beaucoup; la tape semble être un signe d'affection, elle donne souvent des petites tapes en riant à Sothea. Depuis j'ai remarqué que tout le monde fait ça aux petits enfants, en plus des bisous. Elle veut savoir combien je gagne, je ne lui dis pas pour ne pas créer de malaise mais je lui explique que la vie est beaucoup plus chère en Europe.

 

Je prends des photos pour garder un souvenir, et c'est alors que la visite de cette famille si sympathique se transforme en véritable séance de pose-photos !! Il faut savoir que ici les gens adorent poser en couple avec des fonds kitch genre hôtel de luxe, ou alors avec des habits khmers traditionnels ; le principal point de mire est bien sûr le petit dernier… C'est le fou rire quand le petit Sothea, sur la demande de sa mère, se met à faire des clins d'œil ! Il rit quand il se voit en photo ! Il va être changé et revêtu de ses plus beaux atours, son grand frère lui fait prendre la pose, alors que lui voudrait juste lire mon petit fascicule de tourisme qui contient des images, mais il se laisse faire. Bona me laisse son adresse pour que je lui envoie les photos. Quel bon moment j'ai passé avec eux ! J'espère les revoir quand je reviendrai.

 

Sur l'ile d'en face

Je l'appelle l'ile d'en face car j'ai oublié le nom ! Elle fait face à Kratie et il n'y a que 5 min de bateau à faire. Le bateau, ou plutôt la barque, c'est encore le grand frisson avec tout ce qu'il ya dessus…il va falloir que je m'habitue ! Sur la petite ile (9 km de circonférence, idéal pour ma balade de l'après-midi), bonheur : pas de voiture. Les gens toujours très avenants. Des petits garçons qui recueillent les mangues m'en offrent une ! Et puis plus loin, je vois des maisons flottantes, vietnamiennes parait-il ; je remarque qu'elles ont toutes une antenne TV ; comment font-ils ?? Si vous avez la réponse, écrivez-le-moi dans les commentaires !

Pendant que je guette la barque pour le retour, une femme qui lave ses habits et qui vient de se laver aussi puisqu'elle a les cheveux mouillés et porte un sarong, engage la conversation dans un bon anglais. Elle m'apprend que tous les matins à 3h30 elle va vendre des légumes au marché. Elle s'excuse de son anglais, alors qu'il est bon, elle n'a pris que trois mois de cours car me dit-elle en riant « je suis pauvre »… Elle a 40 ans, et c'est la première femme non mariée que je rencontre ; « personne ne me plaisait », me dit-elle. Encore une fois, quelle rencontre ! Et ce n'était pas fini…

 

A l'école !

Après avoir débarqué du bateau, je vais dans une guest house pour me renseigner pour le bus du retour ; la fille du proprio, une jeune fille pas timide du tout de 13 ans me dit : « Je vais à mon cours d'anglais, tu veux venir avec moi ? » Et ben tiens, je ne vais pas dire non ! Quelle journée incroyable !  Le professeur est très accueillant. Il me demande de faire un jeu avec les élèves ; la seule idée qui me passe par la tête est de faire un pendu ! Hélas le mot « tomorrow » n'a trouvé aucun adepte, même lorsqu'il ne manquait plus que le m…

Pendant l'exercice de conjugaison, alors que quelques gamins sont plutôt dissipés, et que certains au fond jouent plus ou moins discrètement avec leur portable, il sourit tout le temps et a une patience d'ange ; il applaudit même quand la fille qui pousse toujours de grands cris trouve une bonne réponse au tableau.

Je prends congé en le remerciant. Le cours m'a laissé un peu perplexe, mais un peu plus je l'aurais embrassé tant cet homme respirait la bonté !

 

A la fin de cette journée, je me dis ca valait le coup de faire tant de bus : de telles rencontres n'ont pas lieu dans la capitale, enfin pas tous les jours, -en tout cas pas autant en un jour !

A la prochaine…

 

 

 



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