lundi 17 octobre 2011

Arrivée au Gabon !


Alors voilà. Me voici à Libreville, capitale du Gabon ! Je suis arrivée il y a 15 jours déjà et j'ai été si occupée que je n'ai pas vu passer le temps. Alors je vais vous faire sans plus tarder, pour reprendre l'expression de mon amie Catherine, mon ''rapport d'étonnement'' !

Libreville
Concernant la ville, située dans un estuaire, j'ai eu le sentiment d'arriver d'abord dans un gros village, un gros village très peuplé. Mais cela reste raisonnable par rapport à d'autres capitales : il y a seulement 1,5 millions d'habitants au Gabon, dont la moitié dans la capitale. La ville est très étendue, car il n'y a que peu d'immeubles, tout est sur un ou deux niveaux maximum.

Mis part le centre ville et les quartiers résidentiels situés en bord de mer, quand on pénètre à l'intérieur de la ville, entre les routes goudronnées bordées de petites constructions en dur, on aperçoit beaucoup de constructions qui ressemblent à des bidonvilles, car tous les toits sont en tôle, avec ça et là des petits tas de détritus et un peu de verdure. Je ne me suis pas aventurée au coeur de ces quartiers en terre battue mais Francesco l'a fait avec un collègue vivant ici depuis longtemps, les gens étaient paisibles et accueillants.

Il faut quelques jours pour que l'oeil ne voie pas que les déchets qui jonchent les rues, et distingue des choses jolies, typiques : des petits tailleurs, des petits restos derrière des portes sans aucune pancarte...ou des choses étonnantes : j'ai vu aujourd'hui des dames très chic sortir de petites maisons en parpaings bruts, sans presque aucune fenêtre, et monter dans un gros 4x4 ! 


On est contents d'être à Libreville !

Les Gabonais

Concernant les gens et l'atmosphère, mes impressions ont été tout de suite positives et elles se confirment de jour en jour. Les Gabonais sont super gentils et accueillants.

Pour donner un exemple, plusieurs fois, quand on demandait notre chemin, les gens nous ont accompagnés ! Le plus fort est une jeune femme de ménage d'un centre commercial qui a posé son balai, a prévenu son responsable et m'a accompagnée pendant dix bonnes minutes pour m'amener à bon port ! On a papoté, elle était très cultivée, avait fait du bénévolat dans l'association où je souhaitais me rendre. Cela lui paraissait normal de m'accompagner.

Ce sont pour moi des surdoués du contact humain : ils savent toujours comment engager une conversation, et souvent après, la coutume veut qu'on échange son numéro de téléphone (tout le monde a un portable, c'est accessible) ; comme c'est un petite ville, on voit les mêmes gens.
Par exemple, une dame à qui on avait demandé notre chemin et qu'on a recroisée au même endroit par coïncidence (et parce que le centre ville de Libreville est petit!) m'a proposé de venir la voir à son travail au Ministère de la Santé pour me montrer une liste des ONG et associations.
J'ai aussi déjà rencontré le directeur d'une ONG (elles sont nombreuses), qu'on avait rencontré sur un marché, qui m'a exposé leurs nombreux projets pour ''filles mères'' comme on dit ici. Il ne m'a pas caché qu'il souhaitait ardemment que je fasse part de son association car un Blanc est vu comme une caution aux yeux des bailleurs de fonds : ''un Blanc ne va pas perdre son temps dans quelque chose qui n'est pas sérieux'', m'a-t-il dit.

''Éh les Sarkozy !''

Autre fait agréable : je ne suis jamais sentie mal à l'aise, même dans le marché le plus populaire, où en plusieurs heures, nous n'avons croisé aucun autre Blanc. Certains nous appelaient : ''Éh le Blanc, éh les Sarkozy !'' (- je n'aurais jamais imaginé même dans mes cauchemars les plus fous me faire appeler Sarkozy !!!!). Mais c'est toujours bon enfant, et peu fréquent. La plupart du temps, on ne nous regarde pas, les gens vaquent à leurs occupations. Ils ont l'habitude de voir des Blancs : les ressortissants français sont 12 000 au Gabon, sans compter les Blancs d'autres pays. Nous aurons un voisin ukrainien, ancien militaire travaillant à l'ONU (un homme à la carrure disons... rassurante !). Il y a aussi d'autres Européens, des Asiatiques, nous en avons vus au Centre Culturel Français où nous sommes déjà allés 4 fois en deux semaines car d'une part il y a une super programmation, et d'autre part, parce qu'a priori, il n'y a que cet endroit pour sortir ! Concert de flamenco, de rumba (semaine espagnole), un spectacle où les slameurs et slameuses disaient avec un langage très soutenu leur colère face aux corruptions et... leur amour de leur mère ! Si si, véridique ! La mère ici est quelque chose de sacré. Ça change des textes des slameurs français !

 Le bord de mer

On va s'installer dans un appartement au bord de la mer, près du lycée de Francesco. Il y a une chambre d'amis, avis aux amateurs! On est contents d'avoir trouvé car il y a peu de locations disponibles (les Gabonais déménageant peu, il y a peu de turn over). 

 Vue de notre futur appart 
(on voit pas sur la photo, mais il y a la mer derrière les cocotiers !)

Certains agents immobiliers disent que c'est pire à cause de la venue de nombreuses personnes pour la CAN (Coupe d'Afrique des Nations, pour ceux qui, comme moi, sont ignares de foot !), qui aura lieu ici même en janvier. La ville est en folie à cause de ça : il y a des travaux, les vendeurs ambulants ont disparu, les deux stades sont en construction, mais ne sont pas du tout finis (le béton sera-t-il sec ? that is the question...) et les lycées devraient même fermer!!

Le quartier où on loge en attendant s'appelle Montagne Sainte et est très animé, très sympa. Francesco voulait absolument y vivre, mais il n'y avait rien de disponible. Comme on est au 1er étage, on peut voir passer les gens, ce qui est spectacle en soi. Les femmes sont très élégantes et très féminines, habillées parfois à l'européenne, ou avec des boubous, ou encore comme des Falbalas, avec des vêtements taillés sur mesure, très ajustés. La coiffure est une institution : elles en changent souvent, et portent aussi des perruques (par cette chaleur, je ne sais pas comment elles font!).

Élégante Falbala

Produits et nourriture

Ce quartier est situé près du centre ville et du grand marché, Mont Bouët, où se trouvent des étals des fruits, légumes et autres biens, qui s'étendent dans un immense marché couvert et dans de nombreuses rues de façon tentaculaire. On a déjà une vendeuse attitrée, Anne (tous les Gabonais ont des prénoms français).''C'est ma copine !'', dit-elle de moi quand j'arrive. On rigole. En fait, tout le monde rigole facilement, et c'est bien agréable. Quand on achète pas mal, elle nous met deux tomates en cadeau (les légumes sont chers pour tout le monde, ils en mangent peu). 

Les femmes nous expliquent comment s'appellent ou se cuisinent certains fruits ou légumes, mais parfois on ne comprend pas : ''Alors, tu fais le foufou, et puis après...''. Donc on n'en est pas encore là, mais on espère apprendre (et alors on sera peut-être en guest star dans ton blog, Aude ?!). On retrouve dans tous les plats du poisson ou du poulet, aux petits oignons ou juste grillé, toujours accompagnés de riz, de manioc ou de bananes plantain frites, ou de pommes de terre frites (c'est riche quoi!). Tous les plats auxquels nous avons goûté (dans des bouis-bouis où je n'ai vu qu'un seul Blanc en quinze jours) sont délicieux ! Il y a aussi une forte influence de la cuisine sénégalaise (le célèbre thiep sénégalais, riz relevé aux épices avec poulet aux oignons confits, est pour l'instant mon plat préféré). 

Bananes plantain bouillies et poisson fumé sauce arachide (miam)
Riz et viande sauce tomate et haricots rouges (re-miam !)

À Mont Bouët,il y a aussi plein de boutiques de Libanais (qui ont le monopole de bien des commerces) qui vendent meubles et électro-ménager. On a acheté tout notre électroménager là-bas car les prix s'y négocient.
80 % des biens au Gabon sont importés !! Ce qui explique que tout est cher. Le moins cher c'est le poisson, pêché sur place, et le poulet. Beaucoup de légumes viennent du Cameroun ! Il n'y a que quelques fruits et quelques légumes qui viennent du Gabon.
La présence française est forte : un des plus grands centres commerciaux est un Géant Casino !! C'est super bizarre et on se sent vaguement schizophrène de se retrouver là-dedans, c'est exactement pareil qu'en France, avec juste les taxes en plus, ce qui donnent des sommes rondelettes ! On va donc limiter notre fréquentation et retourner deux fois par semaine à Mont Bouët faire notre marché.

Les Gabonais travaillent peu leur bois qui est magnifique, et est une des premières richesses du pays avec le pétrole. On a acheté aujourd'hui un lit dans le quartier des menuisiers ; le bois est splendide (il est rouge par endroits), mais à peine poncé (faire son lit peut se révéler dangereux à cause des échardes!), et pas laqué.
Les choses sont en train de changer, car le président a fait voter une loi à ce propos pour que le bois soit transformé sur place (avant il était exporté tel quel); mais la planification prévoyait un changement trop rapide : les usines ne sont pas encore prêtes, du coup le bois attend et s'abîme. Dans les magasins, dans ce domaine encore, pas de gamme accessible : c'est importé et hors de prix. Sinon, pour avoir de jolis meubles, il faut faire faire par un menuisier. Mais on est quand même contents de notre lit en bois rouge !

Les taxis
Il y a beaucoup de gens d'autres pays d'Afrique au Gabon. Par exemple, tous les taxis sont étrangers : Maliens, Sénégalais, Camerounais, Ivoiriens, etc. et quand on est tout seuls avec eux, et qu'on leur demande d'où ils viennent, ils nous racontent leur histoire. Quand ils parlent de leur pays, leur regard s'illumine ! 
 Vue de notre actuel appart provisoire (on peut voir deux taxis)

Les taxis collectifs (voitures en rouge et blanc), c'est tout une technique : il faut miser, c'est-à-dire annoncer un prix (on demande aux gens pour avoir une idée) et dire un lieu avec un grand repère, car il n'y a pas d'adresse (pour le courrier, ils utilisent des boîtes postales, -nous c'est celle de l'ambassade) : un magasin connu, une banque, une administration, le feu rouge ou la Station Total (une des compagnies françaises les plus importantes ainsi que Veolia...) de tel ou tel quartier... Le taxi repart si ça ne lui convient pas (pas son chemin, ou pas la bonne mise, il ne discute que rarement). Mais il en arrive un autre deux secondes après. Une fois, après m'être pris 4 ou 5 ''vents'', je me suis dit : ''Bon ben j'y vais à pied !'' Le seul souci, c'est qu'au bout de 10 minutes de marche, on est complètement en nage ! C'est pourquoi ici les gens sont très matinaux : ils se lèvent à 5h30, heure du lever du soleil, où il fait très bon.

Moustiques, clim' et climat

Il me faut maintenant parler des moustiques, qui demandent un peu d'organisation... Ces petites horreurs sont tenaces : elles n'en ont rien à faire du produit anti-moustique électrique français (mais ça serait peut-être pire sans?!) et leur piqûre ne gratte pas, elle fait mal ! Ça m'a déjà réveillée en pleine nuit. La bonne chose quand on a mal, enfin si on peut dire, c'est que ça signifie que ce n'est pas un moustique qui donne le palu (super !). Le répellant sur la peau est efficace par contre. Dans notre prochain appart, on va installer une moustiquaire sur notre lit (lieu du crime, car nous sommes alors d'immobiles victimes pour ces bêtes sanguinaires!) ce qui suppose de faire un trou au plafond. Les gens aisés en général ne s'embêtent pas : ils mettent la clim', chose que n'aiment pas ces infâmes bestioles.

Les gens qui sont aisés et bossent en bureau (ambition de beaucoup de Gabonais) vivent avec la clim' où qu'ils soient, appart et voiture y compris (si 75% des gens sont pauvres, les 25% restant se portent bien : il y a pléthore de 4x4 rutilantes), et la mettent généralement à fond. J'ai ainsi eu la chair de poule en faisant la queue à la compagnie d'électricité où j'ai attendu une heure, en vain faut-il le préciser : il me manquait de l'argent pour la caution pour ouvrir le compte (200.000 francs CFA, soit la bagatelle de 300 euros, que bien sûr je n'avais pas sur moi! On comprend que certains vivent sans électricité...).

Quant à nous, nous nous passons de la clim' (évidemment, Francesco et la clim', ça ne peut pas aller ensemble, j'ai donc choisi... Francesco !), mais avons acheté un ventilo (qu'on a eu la bêtise de déposer hier dans le nouvel appart, mais patience, on emménage dans 2 jours)... Il y a là-bas des moustiquaires au fenêtres, ça va permettre d'avoir de l'air. Ici c'est étouffant car nous fermons la baie vitrée à 18h, heure du coucher du soleil, heure fatidique où les moustiques rappliquent. Pour sortir, repellent sur les bras, jean et baskets obligatoires. S'il fait très chaud au soleil (même avec un parapluie en ombrelle, ça cogne), il fait très bon le soir et le matin. Ici les gens sortent peu le soir, je vais donc devenir du matin ! 


Comme tout est prêt pour notre emménagement de mardi, je vais pouvoir me concentrer sur mes recherches de boulot, en commençant par aller au Centre Culturel Français et au Lycée Français pour voir s'ils auraient besoin de mes services, en continuant à regarder du côté des ONG et ambassades. À suivre...

Sur ce, à plus !