lundi 30 janvier 2012

Out of Africa bis, épisode 2/2 : la faune et la flore



Spéciale dédicace pour toi Marco, 
bon anniversaire un jour en avance !

Alors voilà. Je n'ai pas fini de parler de notre voyage d'il y a un mois, et on va repartir dans demain pour deux semaines !
- Ah ça ! (expression gabonaise marquant l'étonnement ou l'amusement ou juste le fait qu'on écoute l'autre). Vous ne travaillez donc jamais ?!
- Ben si, enfin, surtout Francesco, tout le temps. Moi j'attends une réponse, je continue de chercher...
Et puis là, les vacances, c'est des vacances IMPOSEES pour une raison suprême : la CAN (entendez la Coupe d'Afrique des Nations), car le Gabon est avec la Guinée Equatoriale pays organisateur. Comme on ne fait pas ici les choses à moitié, toutes les écoles, collèges et lycées sont fermés et les jours de match sont fériés, comme ça, tous au match !

Mais revenons à nos moutons, euh, nos animaux de la brousse ! Ceux qu'on a croisés sur notre chemin, dans le parc naturel de Loango, au sud du Gabon, au bord de l'Océan.

Je ne pensais pas être un jour autant touchée par des animaux. Mon frère ainé Marco en a toujours été fou ( on m'a rapporté qu'à ma naissance, il a dit que j'étais "belle comme une petite guenon !" - Bon ce n'est peut-être pas très flatteur, mais, pour lui c'était bel et bien un compliment !!). Il a eu plein d'animaux dont certains se sont évadés et ont fini séchés sous une armoire (dans un parc de Saint-Paul de Vence, nous avions même un cimetière personnel de tortues de Floride...). Quant à moi, jusque là, les animaux ne m'ont jamais vraiment intéressée, ça m'a toujours fait de la peine d'aller dans un zoo, et les documentaires animaliers m'ont toujours endormie.
Mais là, partir à leur recherche, sans bruit, à pied ou en pirogue, et les rencontrer dans leur milieu naturel est tout différent, c'est comme un cadeau. On se fait tout petits et on ouvre bien grands les yeux. C'est magique !

Comme j'aime bien les petites fleurs, je leur ferai aussi un sort, parce qu'on en a vues de toute beauté.
Bref, voici le premier post de sciences-nat de ce blog ! C'est pour cela que je l'a intitulé : "Faune et flore du Gabon".

I. La faune
Les condamnés
Le pangolin (source : Wildlifesafari.info)
Je commencerai par les animaux condamnés par l'Homme cupide et qui ne respecte pas la loi. En effet, ces animaux sont protégés, - ce qui n’empêche qu'on les voit au menu des restaurants.
Il s'agit, entre autres, de la petite antilope de l'épisode 1, avec qui nous avons fait le voyage, rappelez-vous. Mais il y a eu aussi des porcs-épics, qui ressemblent ici à des marmottes (bon eux, c'est autorisé, mais il y a des périodes à respecter). Il y a aussi les pangolins, qui sont tout mignons, super timides, se roulant en boule dans leurs écailles préhistoriques quand ils se sentent menacés, mais qui sont traqués inlassablement.
"- C'est la viande de nos ancêtres" disent certains Gabonais qui en raffolent. C'est vrai, mais ils sont en voie d'extinction, et c'est pour cela que c'est interdit et sanctionné : nous avons vu des gardes forestiers confisquer la petite antilope en question.

Le top 3 de la brousse
Dans le top 3 des gros animaux de la brousse (ici tout ce qui n'est pas la ville est la brousse), il y a :

Number 1 : l'éléphant. 
Des éléphants !
 On a eu la chance d'en voir 3 près de la plage, après avoir marché 4h en forêt ! Splendide, splendides, splendides. Un moment de pure émotion. Démarche lente, gracieuse, chaloupée. On était cachés très grossièrement derrière des buissons. Il paraît que les éléphants ne voient pas bien. Mais au bout de quelques minutes, quand l'un d'eux nous a perçus, j'ai eu un peu peur, d'abord à cause de son regard et ensuite parce qu'il est allé vivement vers la droite. Un moment j'ai cru qu'il faisait le tour du buisson pour nous faire coucou par derrière et je n'en menais pas large. Mais non, ils sont repartis gentiment à la queue leu leu vers la forêt et se sont retournés pour nous regarder.
Oups, il nous a vus !
Bye bye... à la prochaine !
 En repartant en pirogue (qui est en fait un bateau à moteur, mais on les appelle ainsi ici !), on en a vu un énorme au bord de la lagune, en arrêt, s'apprêtant sans doute à traverser à la nage avec sa trompe en l'air le reste du corps immergé (moi j'avais vu ça dans les dessins animés sans y croire, mais ça se passe vraiment comme ça !). Ce fut comme une apparition. Un éléphant, ça en impose. On a tous retenu notre souffle, enfin moi en tout cas. Et puis il s'en est retourné dans sa forêt.

Number 2 : l'hippopotame.
On en a vus aussi, 5, dans la lagune, enfin que leurs oreilles, yeux et naseaux. Ils plongent, ressortent, nous regardent (nous étions dans notre pirogue à 20 m d'eux), replongent. L'un d'eux a ouvert sa gueule, mais il était trop loin pour que l'on voie bien. Quand on les regarde de profil, on pense vraiment aux naseaux d'un cheval, d'où la pertinence de leur nom grec (hippo-le cheval, potamos, le fleuve), qui m'avait toujours un peu étonnée avant cela !


Number 3 : les buffles.
On les a vus aussi, en troupeau, deux fois. Super trouillards, ils se barrent dès qu'ils nous voient, ou plutôt non, après nous que le chef nous ait observés une ou deux minutes (les autres broutaient sans se rendre compte de rien), suivis de petits oiseaux blancs. On était tapis dans l'herbe, on avait même avancé à quatre pattes puis en rampant pour ne pas les effaroucher ! Là aussi, avant d'entrer dans la foret, ils se retournent, nous regardent, puis repartent. C'est touchant.


Les fugitifs
Je veux parler des oiseaux. Je ne me rappelle pas toujours de leur nom. Je n'arrive pas à les prendre en photo. Mais ce n'est pas pour ça qu'il ne faut pas en parler ! Mes préférés sont d'un beau bleu brillant : c'est le martin-pêcheur azuré. Certains font des sons caractéristiques. Il y en a un que j'ai surnommé "techno" !
Le martin-pêcheur azuré (il y en a aussi dans le Val d'Oise !)Source : Wikimedia
 Les farceurs
C'est bien sûr les singes ! On a en vus, des "bérets rouges". Et puis, il y en a un, plus farceur, qu'on a juste entendu, et dont notre guide a voulu suivre le cri lors de notre troisième balade, ce qui nous a perdus car nous avons alors quitté la piste tracée gentiment par les éléphants (ça fait du boulot en moins pour les guides qui eux cassent des branches pour marquer leur passage).
Un béret rouge. Le voyez-vous ?

 Les nocturnes
Ce sont les tortues, qui viennent pondre sur la plage une fois la nuit tombée, et les crabes bleus. Les tortues luth sont protégées. Elles sont très grandes (dans les 1m50). Nous n'avons pas eu la chance d'en voir. Francesco a marché plusieurs heures en pleine nuit avec un Espagnol spécialiste des tortues, et a vu une tortue olivâtre qui venait de pondre. Sur mille œufs, seul 1 survivra, car les prédateurs, les varans et les crabes en sont friands et parfois les tortues pondent trop près de l'eau.
La tortue luth (source : wikimedia)

Quant aux crabes bleus, nous sommes partis les ramasser (je dis bien ramasser, car ils restent immobiles derrière leur grosse pince bleue) en pleine nuit avec des femmes du village. Des enfants de 10 à 20 ans en avaient pris un plein sac.

Les innombrables
Pêche miraculeuse à Sette Cama

Sette Cama (nom du village où nous logions, qui jouxte le parc de Loango) est un lieu connu mondialement pour la pêche. La lagune se jette dans la mer, et là, cela grouille de poissons, tous plus gros les uns que les autres. Des hommes du lodge pêchaient de 9h du matin à 9h du soir, 100 kilos par jour ! Comme c'est autorisé pour la simple consommation, ils ne gardaient que les poissons blessés (et en distribuaient aux villageois, qui n'ont pas le même équipement et pêchent quant à eux des petits poissons dans la lagune...) et rejetaient les autres : du barracuda, des tarpons (le but ultime étant de pêcher un énorme tarpon), du capitaine...


II. La flore
Lost in the jungle !
Youhou, y a quelqu'un ?
Petite pause

Donc comme je le disais, lors de notre troisième et dernière randonnée, nous voilà bel et bien perdus dans la jungle. Et on n'était que tous les trois. Notre guide, très calé pour les races et les noms savants, n'était néanmoins pas un natif du coin, et en pistant le singe susmentionné, au bout d'un petit moment, a bien été obligé de nous dire qu'il avait perdu la piste !
Notre guide escaladant une liane... c'est pas ça qui nous fera retrouver le chemin !
Il a alors décidé de suivre un cours d'eau, pensant qu'il se jetterait dans la lagune. Erreur : au bout d'un moment, celle-ci s'est transformée en marécage... Francesco a beaucoup ri, car chaque fois que je sautais au dessus d'un petit cours d'eau boueux, il me manquait toujours 5 cm, et du coup, mes tennis étaient plein de boue. C'était si systématique qu'il croyait que je faisais exprès ! Pour moi c'était moins drôle car non, je ne faisais pas exprès, bien évidemment ! Donc comme vous le voyez, nous n'étions pas terrifiés. On était partis très tôt et on s'est repéré grâce au soleil. On a retrouvé notre chemin au bout de quelques heures; le sous-bois (je ne sais pas si on dit sous-bois pour la jungle, mais bon vous aviez déjà compris que ceci n'est PAS un article de sciences-nat) était très clairsemé, donc ce n'était pas trop dur d'avancer sans chemin.


Le bai
Et puis, dans une clairière qui en l’occurrence s'appelle un bai (retenez ce mot, qui vient du pygmée, ça peut être pratique au scrabble ou pour des mots croisés), on a revu les buffles, alors tous nos soucis se sont évanouis. C'est assez étonnant ces bais : on est en pleine forêt primaire (ou pas), mais avec des grands arbres en tous cas, d'immenses arbres, de l'ombre, et paf, d'un coup, on se retrouve dans une grande clairière, en plein soleil, et on trouve une grande prairie où viennent brouter les buffles et d'autres animaux.


Les mangroves
C'est beau et légèrement inquiétant. L'homme n'y a pas sa place. Il y a toute une vie là-dedans (crabes et autres crustacés en bas, et quantité d'oiseaux en haut), et les singes sont bien plus habiles que nous pour y circuler !
L'arbre a les pieds dans la lagune...

Les fleurs de la jungle
On a vu toutes sortes de fleurs étranges, qui paraissent issues d'un conte de fées, - ou de sorcières !


Gigantesque fleur de liane


Les habitants de Sette Cama
Je ne peux pas finir ce post sans vous parler des habitants du petit village de Sette Cama, où nous avons passé deux nuits, logés chez l'habitant car il n'y avait plus de place à la Case de Passage. Je vous fais les présentations de nos hôtes, adorables tous les deux : Maman Juliette, hyperactive du matin au soir, elle a 6o passés mais en fait bien moins; c'est une fine cuisinière, je n'ai jamais aussi bien mangé depuis que je suis au Gabon !  Papa Jean-Marie, quant à lui, est paralysé depuis 10 ans suite à une mauvaise chute. Il était guide. Il nous a raconté que Valéry Giscard d'Estaing venait à Sette Cama, avec de nombreux autres Blancs fortunés, chasser l'éléphant autrefois !!
Maman Juliette en train de préparer des rouleaux de manioc

Papa Jean-Marie (et son éternel Pastis !)


Dame faisant des tresses aux petites filles du village


Voilà, le parc de Loango, c'est fini.

Bye bye le Sud du Gabon, bonjour le Nord !
A plus !

mardi 17 janvier 2012

Out of Africa bis, épisode 1/2 : le road trip


Alors voilà. Quand on voit de belles choses, ou quand on vit de belles choses, on a parfois envie de se taire, comme pour les garder intactes. C'est la tentation que j'ai eue avec nos vacances de Noël dans le sud du Gabon... Et puis non, me suis-je dit, il s'est passé trop de choses lors de notre voyage et puis on a eu la chance de voir des animaux sauvages (et des gros!). Ça doit se raconter !

Avant de parler des animaux (ce sera le 2ème épisode de cette saga !), je dois parler de notre road trip, incontournable pour Francesco. Le retour se fera en avion, incontournable pour moi, pour ne pas revenir détruite par deux jours de taxis brousse, qui ont été aussi bien sûr le sel de ce voyage qui sinon n'en aurait pas été un...

A Lambaréné, chez le Dr Schweitzer

Au départ de Libreville vers Lambaréné, qui se fait en 4h de route, nous trouvons un taximan qui nous dit : « Moi, je roule tranquille ». Il met la musique à fond et les 2 premières heures de route, il slalome entre les nids de poule qui sont légion et profonds et qu'il semble connaitre par cœur. Les 2h suivantes se font sur une route impeccable, mais c'est alors que le taximan monte à 110 km/h et là on s'est mis à regretter les nids de poule. Les gens sont nombreux à marcher au bord de la route et je me suis dit tout le long : "Pourvu qu'on ne fasse pas un strike à chaque tournant". Quand je lui ai demandé de baisser le volume parce que j'avais mal aux oreilles pour de bon, il l'a fait, puis deux minutes après l'a remonté. Sic. Je me suis quand même endormie, chose incroyable ; ça doit être l'african power ! C'est plus fort que toi !
Arrivée à Lambaréné
Quoiqu'il en soit, nous arrivons à bon port à Lambaréné, ville tranquille et agréable, entourée de verdure, baignée par un fleuve, connue pour la fondation du Dr Schweitzer qui a débarqué dans cet endroit improbable dans les années 30 et a mis sur pied un hôpital pour soigner des malades atteints de la lèpre. C'est aujourd'hui un hôpital reconnu et un centre de recherche, où un vaccin contre le paludisme est en train d'être testé, ce qui serait super puisqu'avec le sida, c'est une des premières causes de mortalité en Afrique.

Nous sommes déposés dans l'immonde quartier Isaac, dépeint pudiquement comme « très animé » dans le Petit Futé, qui ne porte pas toujours bien son nom...
Dans toutes les villes que nous allons traverser, la nuit il règne une atmosphère étrange, car il y a des réverbères mais aucun n'est allumé (cela doit coûter trop cher à la municipalité : l'électricité coûte le même prix qu'en France ! tiens, comme c'est curieux, Veolia est partenaire de la compagnie locale d'électricité !). On voit les gens au dernier moment, quand on passe devant une boutique, ou quand des voitures passent. Bref, autant vous dire que ça ne donne pas très envie de flâner, même si à aucun moment on ne se sent en insécurité , l'atmosphère est paisible, il y a des femmes, des enfants. De toute façon, on se couche tôt et on se lève tôt ici ; bref, on vit avec le soleil !

En fait de ville, c'est des petites maisons alignées, il n'y a pas d'urbanisme, pas de « centre », mais au moins, à Lambaréné, c'est agréable de se balader à pied, contrairement à Libreville, où il y a trop de circulation.
Petites maisons datant de l'époque coloniale
Il y a une très belle ancienne église en briques qui date de la mission catholique Saint François-Xavier.
Anciens pavillons des lépreux
La fondation du Dr Schweitzer est un havre de paix au bord du fleuve, cela ressemble à un village (l'hôpital est sous forme de pavillons, il y a un petit musée, une école...).

Nous passons aussi un agréable moment à observer le chargement de bateaux sur le fleuve. Personne ne fait attention à nous. Aucun touriste dans les parages, comme dans aucune des petites villes où nous irons. Le tourisme en est vraiment à ses balbutiements au Gabon ; c'est dommage car dès qu'on veut découvrir des choses un peu éloignées des axes routiers, c'est compliqué, ou cher, ou les deux ! L'avantage, c'est qu'on n'est pas avec plein de touristes...
Embarcadère
À l'arrière d'un pick-up
De Lambaréné à Mouila, plus au sud, route magnifique, toute neuve. « Ah les Chinois, ils font des bonnes routes, c'est pas comme les Français ! » nous dit notre taximan, à la conduite irréprochable cette fois. Tout en disant cela, il prend avec son téléphone une photo les Chinois dans leur tractopelle !
« - Bah oui, mais les Gabonais, ils font quoi en attendant ? » je pense très fort. Tout est sous-traité au niveau routier, c'est impressionnant...
À Mouila, attente de deux heures à la gare routière où il n'y a aucun bus, que des taxis privés. Nous montons à l'arrière d'un pick-up, car nous n'avons pas réservé de « cabine » (ce qui désigne les places à l'avant du pick-up, à peine plus chères qu'à l'arrière, ce qui est étonnant) et elles sont déjà toutes prises. Je me suis dit : «  Bah, s'ils le font, je peux le faire ! ». Il n'y avait « que » 3 heures de route. La première heure était marrante, on s'est pris en photo, tout couverts de latérite (c'est ce qu'on met comme revêtement sur les pistes, c'est une pierre de couleur rouge).

La deuxième heure, la jeune fille d'à côté (on était six derrière, 4 recroquevillés, et 2 debout, plus les bagages) a commencé à vomir par dessus bord. Malgré cela, un gars la draguait tout en se moquant d'elle gentiment, pour « dédramatiser » je suppose ! Après, on nous a mis une petite antilope juste au dessus, sur les bagages (les gens raffolent de la viande de brousse, nourriture de leurs ancêtres comme ils disent, malgré les interdictions ; parfois ces animaux sont confisqués par des gardes de parc naturel), la jeune fille a verdi encore davantage. Moi je commençais à avoir mal partout.
Chargement d'une petite antilope achetée sur le bord de la route
Et la 3ème heure, dans une forêt pourtant sublime, je n'admirais plus du tout le paysage ! Nous sommes arrivés tout vermoulus... à Tchibanga, ville de 20 000 habitants plutôt mignonne.
Couverts de latérite
La nuit, je n'ai pas arrêté de vomir : j'ai dû avoir un coup de chaud. Pendant 2 jours, je n'ai pu manger que de la Vache qui rit... Conclusion : non, nous sommes pas faits du même bois !

Noël à Mayumba
Mayumba est sur la côte tout au sud, c'est complètement paumé. Ce petit village a beaucoup de charme, la plage est déserte et splendide.

On a fait des connaissances sympas : un Espagnol qui compte les tortues qui vont pondre la nuit dans un parc naturel voisin et qui pour cela marche 10 h par nuit, un vieux monsieur français de 86 ans nommé M. Seguin qui est un peu un bienfaiteur de la localité, un professeur camerounais qui nous a parlé de ses businesses (les profs ont souvent une 2ème activité), un ingénieur italien qui construit un pont et qui vit confiné dans son hôtel dans la lagune avec les trois autres expats italiens, un pizzaïolo béninois nommé Félix, qui, le jour de Noël, alors qu'on n'en pouvait plus de manger du riz-poulet frit de l'unique petite cafétéria, nous a concocté une délicieuse pizza avec des ingrédients complètement improbables dans cette région à 10h de route de la capitale, qui manque de tout (les produits manufacturés sont importés de Libreville; nous n'avons pas trouvé de fruit ni de légume sur les étals du petit marché, que des piments! Les gens ont leur propre plantation vivrière apparemment). « La pizza préférée des gens ici, c'est la Vosgienne !! »  nous dit-il. Rigolo !
M. Seguin, le doyen de Mayumba, nous raconte sa vie

Félix, le roi de la pizza de Mayumba !
Trophée Camel entre Tchibanga et Gamba
Le troisième trajet riche en émotions les dépasse tous : c'était entre Tchibanga (où nous avons dû remonter faute de route entre les villes de la côte) et Gamba, ville pétrolière, royaume de Shell (il y a la plaque Shell qui souhaite la bienvenue quand on y arrive !). La route n'est même pas tracée sur la carte, pour la simple raison qu'il n'y en a pas ! Évidemment, il fallait que nous la prenions ! De 7h de trajet prévu, ça s'est transformé en près de 12h !
Nous étions 12 dans une Toyota Land Cruiser. À 9, ça aurait été royal, à 12 avec une dame obèse à côté de nous, c'était le supplice. Avec Francesco, nous étions à deux à cheval sur le strapontin.
Notez mon sourire crispé...
Après  une heure à souffrir dans les cahots de la piste en sable, le derrière en plein sur la barre de métal, je cède la place à mon cher et tendre plus résistant à la douleur que moi. Le monsieur du devant (place que nous convoitions, mais il avait 68 ans, honneur aux aînés !), qui s'est avéré être le maire adjoint de la ville de Gamba, à un arrêt, a donné gentiment à Francesco des feuilles de bananiers séchées pour qu'il puisse se faire un petit coussin ! Moi pendant ce temps, j'étais littéralement encastrée dans l'habitacle de la portière qui avait perdu son rembourrage. Entre la grosse dame (qui avait le palu, et qui était donc au plus mal) et nous, il y avait une dame portant le voile, enceinte de 5 mois avec sur ses genoux un enfant de 4 ans qui n'a rien dit de toute la traversée ! Les enfants ici ne sont pas des chochottes. Impressionnant.

À un moment, on a fait la traversée d'une rivière avec des rapides à la Indiana Jones : une fois la voiture mise sur un petit bac, à la force de poignées, les hommes ont tiré les cordes et hop, on a traversé ! Qui a dit qu'on a besoin de pont ?!
On traverse une rivière sur un bac tiré à l'aide... de cordes !
Ensuite, on est arrivés dans la savane, et là, panne sèche : le radiateur était percé. « Bah, on va trouver de l'eau ». Et effectivement 3 mètres plus loin, grosse « flaque », dans lesquelles il nous faudra passer plus tard (un tuyau extérieur a même dû être installé pout que le moteur ne soit pas noyé!), mais on n'a rien pour colmater le trou (ils ont essayé avec du papier alu d'un sandwich mais ça n'a pas marché!)...
Le coup de la panne dans la savane
Au bout de 30 minutes arrivent nos sauveurs : des militaires français en vacances ! Nous les avions rencontrés avant le départ, donc on savait qu'on ne serait pas tout seuls ! C'étaient 3 familles, 12 au total avec les enfants, comme nous, sauf que eux étaient répartis dans trois 4x4 ! Ça a été un grand moment de pure coopération : ils nous ont aidés à réparer le radiateur, puis on les a aidés à se désensabler.
Les militaires à la rescousse !
Enlisés dans les sables
Les enfants et les grands prenaient des photos, filmaient, montaient et descendaient des voitures, car on s'ensablait successivement... tous étaient fous de joie, c'était la fête, le Trophée Camel quoi ! À quatre voitures, et avec tout leur matos, on ne sentait pas en danger. Notre chauffeur, lui, n'avait strictement rien en terme de matériel, pas même une pince.  Les jeunes derrière nous n'arrêtaient pas de faire des blagues : quand on a été bloqués dans une flaque, la fille de derrière a dit en pouffant : «  On va dormir dans le lac ! » Et en redémarrant, le chauffeur a dit : « Oh, c'était juste pour vous faire peur ! » Bref, on a bien ri !
Traversée d'une "flaque" !

Et on n'est pas dans la saison des pluies !
Voilà, le road trip, c'est fini. Prochain épisode : les animaux du Parc de Loango!
A plus !