mercredi 21 octobre 2009

Je suis une fille très positive

Alors voilà. Le problème si on critique quelque chose, comme je l'ai fait dans mes derniers post (tous ceux que j'ai écrits en France en fait !), c'est qu'on a vite l'air rabat-joie. Et ça peut donner l'impression que vous n'êtes pas quelqu'un de positif... et donc faire de vous le rebut suprême dans notre société où il faut ''se vendre'' (-sinon qui le fera pour vous ?)... Or je suis une fille très positive, et je vais essayer de le prouver. Parce que, non mais, faut savoir se défendre dans la vie !

D'abord, il faut dire qu'en critiquant, c'était un peu comme renouer avec mes origines, avec la France quoi. C'est une démarche affective si vous voulez. Éh oui, on est connus pour ça nous les Français : on est des râleurs, c'est notre réputation, - arrogants aussi. Attention, juste des râleurs et des arrogants, pas des révolutionnaires (on n'est pas contents, on est vachement cultivés, mais on va pas bouger le petit doigt !). On l'a faite il y a deux siècles et des poussières, la Révolution, alors basta. Bref, je ne surprendrai personne en disant qu'il y a chez nous une tendance globale à la négativité (contraste frappant avec la positivité acharnée des Américains pour qui tout est ''great'' ou ''best...ever'' : ''It was the best party ever !'' dit-on là-bas à la fin d'une soirée pour être juste polis même si on s'y est ennuyés à mourir).

Par exemple, aujourd'hui, je suis allée faire l'expérience d'aller me faire couper les cheveux dans une école de coiffure. Je dis bien l'expérience : j'y suis restée 2h30 ! Mais quand on connaît les tarifs (8 euros, prix imbattable !), on n'est pas regardant, et puis c'est touchant de voir les apprenties coiffeuses s'appliquer intensément avant chaque coup de ciseau (- n'empêche, j'ai quand même regretté d'avoir demandé un dégradé !) et puis c'est balèze, on se rend compte qu'il faut prendre le cheveu dans un certain angle, il y a le bon geste et le mauvais, des nouvelles techniques, il faut attendre la prof, ça donne des crampes et tout et tout... Mais tout le monde ne le voit pas ainsi... Une dame piaffant d'impatience a fait un esclandre parce qu'on ne s'occupait pas d'elle fissa (moi aussi j'étais un peu paumée au début parce qu'il y avait du monde dans tous les sens, mais bon je me suis assise et j'ai attendu, voyez, positive quoi, je me disais que quelqu'un allait bien venir un jour, ce qui est le fondement de l'espoir, qui fonde lui-même l'optimisme). Le professeur lui a dit : '' Si vous croyez qu'on va vous faire des courbettes, vous vous êtes trompée d'adresse !'' La dame est repartie comme une furie en déversant son fiel sur son passage...
Scène ordinaire qui serait hautement surréaliste au Cambodge par exemple, où la courtoisie est absolue du côté des vendeurs comme des clients. Je suis sûre qu'ils auraient trouvé la façon de la calmer : ''Mais oui madame, où avions-nous la tête ? On s'occupe de vous tout se suite.'' Et ils l'auraient fait attendre encore une demi-heure.

Et hier autre exemple fugace : ''- Bref, vous êtes perdue quoi !'' me disait une dame (encore une... mon Dieu, vais-je devenir misogyne ?!) s'occupant de recrutement, peu affable de prime abord (elle devait jouer le rôle de la méchante, il paraît qu'il y en a toujours une), quand je lui demandai où se trouvait la ville de banlieue dont elle me parlait, dont j'ai déjà oublié le nom, se terminant par ''y'' (Cergy, Evry...), ou ''esse'' (Gonesse, quel nom !). ''- Non, je cherche juste à m'orienter,'' - nuance ! Ben oui, c'est vrai quoi : ça peut être très exotique la banlieue quand on ne la connaît pas !

Pour revenir au sujet de la discussion, je suis quelqu'un de positif dans la vie, j'avance et tout et tout, et j'aime bien faire des choses sympas, c'est juste que c'est pas marrant d'en parler, et encore moins d'écrire à ce sujet.

Par exemple, j'adore voir sourire les gens pour des petites choses, quand on les laisse passer sur un trottoir trop étroit, ou à la caisse quand on arrive en même temps ("V'là Amélie Poulain qui rapplique !'' soupirez-vous déjà... je vous l'avais dit, c'est emmerdant les histoires de gentils qui rencontrent des gentils ou bien des renfrognés pas méchants). On a l'impression qu'ils reprennent espoir en l'humanité, l'espace d'un instant, leur visage s'illumine. On a fait notre B.A. On se sent bien.

Autre fait qui montre que je suis quelqu'un de positif : je ne m'énerve (un peu) qu'avec les gens que j'aime. Ils en ont de la chance ! Car en public, je reste soft et éduquée, j'arrive pas à faire autrement (je regarde avec une petite pointe de désapprobation mêlée d'envie ceux qui crient ''Connard'' à un chauffard). C'est comme ça qu'on crée les guerres, il paraît, à l'intérieur des foyers. Ben oui, quand on y pense, si certains traitent quotidiennement de tous les noms femme et enfants, ou mari et enfants, ou parents (ça dépend du point de vue), c'est-à-dire des gens qu'on est supposés aimer, on comprend qu'ils aient moins de problèmes à prendre des armes contre un peuple qu'ils sont supposés détester.

Et sinon, éh bien, je peux dire que je rêve d'une humanité et d'un monde meilleurs (''V'là maintenant Miss France et sa paix dans le monde qui rapplique !''). J'imagine même des moyens concrets pour ça (pour l'instant classés top secret, i.e. c'est encore un peu confus)...

Et puis, quand j'ai un problème, c'est-à-dire quand je me réveille le matin (voyez, ça, c'est pour rire !), je ne pense pas que c'est la fin du monde, non je pense juste que c'est la fin de mon monde. Et ''après tout, demain est un autre jour'' (ne jamais sous-estimer l'impact des répliques fétiche de films sur le moral : voir gamine Scarlett O'Hara tenant les yeux brillants la terre rouge de Tara alors qu'elle a tout perdu, c'est une image qui vous accompagne le restant de vos jours) donc ça ne dure jamais bien longtemps.

Donc je peux dire, et vous serez sans doute d'accord avec moi, que je suis bel et bien une fille très positive ! Je n'en rajoute pas sur la noirceur, c'est juste que c'est tellement plus ... mince, c'est plus intéressant ?!

Voilà. CQFD.

À plus !

mercredi 7 octobre 2009

Paris je t'aime ?


Alors voilà. J'ai dit que j'allais parler de Paris, où je vis depuis un mois (mais pendant trois semaines dans ma tour d'ivoire, cf précédent post) mais je ne suis pas encore entrée dans le vif du sujet.

Tous mes amis qui savent que je suis nouvelle venue me demandent : ''Alors, Paris ?'' Et moi je réponds : ''- Oh c'est super, on a plein de choses à faire, plein d'amis à voir...'' Et j'ajoute mentalement : -Ben Paris, ça va, la ville tient debout, les voitures circulent, les gens marchent, beaucoup d'ailleurs, vite, certains parlent tout seuls, beaucoup d'ailleurs, d'autres, beaucoup d'ailleurs, sont sur des bancs, ou assis par terre avec parfois un litron pour étancher la soif, et ils ont tous le regard perdu, et un visage ravagé.
Et on me demande si le Cambodge était pas trop dur ? Éh bien si, il m'est arrivé de voir dans Phnom Penh des mères mendier avec leurs enfants, ou vendant des bricoles non loin de détritus au coin d'une rue, mais je les ai vus aussi rire et jouer ensemble (même si on ne comprend pas comment c'est possible, ça arrive).
Ici, dans la capitale de la France, pays dit ''développé'' (comme si on y était arrivés), je vois tant de gens seuls dans leur misère financière parmi tant de richesses ou seuls dans leur misère morale (on l'oublie beaucoup celle-là) parmi la foule, et qui, n'ayant plus personne à qui parler, parlent tout seuls. J'en vois chaque jour.

Alors oui, c'est beau Paris, mais il faut regarder au-dessus des hommes, à deux mètres du sol. Ou ne pas faire attention...

Bon mais allez, hauts les coeurs ! Il y a aussi des choses super sympas à Paris, et toujours des tas de sorties à faire, c'est vrai. Par exemple, la Nuit Blanche, qui avait lieu samedi dernier. Le principe c'est qu'il y a des illuminations dans divers endroits de la ville, et des événements artistiques (concerts, projections, installations...).
C'était drôlement bien organisé : on se serait crus à l'entrée d'un gigantesque match de foot, sans joueurs, sans terrain et sans ballon !... Restaient : une foule dingue faisant des queues dingues (la queue faisait presque tout le tour de la grande mosquée, et devant le Luxembourg, -on a pas compris pourquoi l'entrée n'était pas libre...-une affiche indiquait la durée : 1 heure !! et les gens attendaient quand même !! - mais où les gens trouvent-ils ces trésors de patience ?? De toute évidence, ça ne doit pas être les mêmes qui klaxonnent comme des damnés parce qu'il y a un livreur qui bloque la rue 5 minutes... ou alors l'âme humaine est vraiment tordue !), et plein de flics partout ! on aurait dit le plan Vigipirate.

Par chance, en rentrant bredouilles (on avait rien vu du tout en 1 heure à vélo, à part la foule errant comme nous), on a laissé nos vélos dans le Marais, et on est tombés sur une projection de court-métrages super sympas. Il y avait une moquette par terre, on pouvait s'asseoir, ou se coucher, c'était bien.
Mon préféré c'était Paul Rondin est... Paul Rondin, de Frédérik Vin, l'histoire d'un doubleur de bande-annonces de film d'un certain âge qui cherche l'amour (dans sa chambre, il y a deux lits, le sien et un autre attendant sa promise, recouvert d'un film plastifié !), mais qui a une déformation professionnelle telle qu'il ne peut parler qu'avec le ton d'une bande annonce, ce qui bien sûr fait fuir toutes les demoiselles. Mais ça finit bien : grâce à une agence matrimoniale, il est mis en contact avec une dulcinée au physique certes ingrat, mais ayant une déformation similaire : ''Pour faire ma connaissance, tapez sur 1, pour mon numéro de téléphone, tapez sur 2...''
En plus, un couple vendait à côté de la soupe à l'oignon faite maison, avec un gruyère râpé à la main, des croûtons exquis...qu'ils en soient remerciés ! Bref c'était bien, on a dû y rester plus d'une heure.

Voilà tout ce que je peux dire pour l'instant sur Paris, autant dire pas grand chose.

Peut-être que toute grande ville est forcément un monstre protéiforme, car façonnée par l'homme, avec juste des trous menant à la terre pour laisser de la place aux platanes, et aux parcs (toujours l'idée de limite, de ''parquer'' les gens, comme on parque les voitures, et les plantes...). Si la sauvagerie doit ressurgir quelque part, ce sera forcément chez les humains, pressurés de toutes parts. Mais la beauté aussi.

L'autre jour, un peu plus prosaïquement, je me disais : Vivre à Paris, c'est un peu comme être marié à plus belle femme du monde : tout le monde vous l'envie, mais qu'est-ce qu'elle peut être chiante !

Sur ce, à plus !