samedi 27 novembre 2010

mangergigoter.fr



Alors voilà. Il y a un moment où on a envie de dire stop !

Depuis quelques semaines sévit à Paris (ainsi que dans le reste de la France je suppose) une campagne ''Bouger 30 min tous les jours, c'est facile'' de mangerbouger.fr (cf image de gauche). Et à chaque fois que j'en vois une (c'est qu'elles sont nombreuses en plus !), mon sang ne fait qu'un tour !
 Quoi ? Il y a des gens qui ont le boulot, la nounou, les amis, tout entre 5 et 10 minutes, et en plus il faut qu'on leur dise d'y aller en marchant ??!!! Mais comment y vont-ils ? en voiture ? pour faire 5 min ? c'est pas le temps qu'il faut pour trouver une place. En bus ? c'est le temps de l'attendre !! Alors c'est quoi l'idée ?
 Evidemment dans mon village d'enfance, les gens vont chercher les clopes en voiture alors qu'il suffit de faire 500 m. Mais voilà, c'est plus classe en bagnole; ça fait plouc de marcher. Et je crois pas que la campagne influencera leur comportement.

Marathon quotidien dans les transports in Paris

Mais à Paris, je voudrais bien voir les gens qui marchent moins de 30 min par jour ! Entre les couloirs, escaliers, quais de métro, de RER, de transilien, j'ai le sentiment de vivre chaque jour un marathon quotidien, si bien que je dois faire un effort surhumain pour avoir une vie après le boulot (cf image de droite, nettement plus réaliste pour les Parisiens, arrêtez-moi si je me trompe).
Je ne mets plus de talons depuis que je travaille à Paris. J'ai besoin de chaussures avec lesquelles je peux... marcher. Beaucoup.
Combien sommes-nous tous les jours à faire cette transhumance quotidienne ? Des centaines de milliers, une marée humaine, c'est du Germinal sans le charbon ! Je ne sais plus de qui est cette expression de la transhumance, mais l'image des moutons m'a semblé convenir parfaitement.  Quand je suis dans les transports, je me retiens de bêler tellement je me sens mouton, enfin brebis en l'occurence.

La Chèvre

Il y en a un qui ne se retient pas, et qui au contraire, chaque jour, bêle avec force (on l'entend du 5ème étage), affirmant fièrement ainsi son indépendance par rapport à la foule des moutons. Avec mon copain, on l'a surnommé La Chèvre. Il passe en bêlant sur son vélo dans notre rue tous les jours vers 19h : " Tiens, vlà la Chèvre !''
On s'est rendu compte en en parlant qu'il était connu jusque dans le 20ème. Une dame sait où il habite, et nous a dit que c'est un musicien (évidemment !) et se demandait si ce n'était pas un toc ! Nous on le trouve génial. Ce type est un as du marketing. Il est unique, et sans débourser un sous, il fait sa pub. Et si demain on voyait un affiche, non pas de mangerbouger.fr, mais une vraie affiche avec une vraie info : ''La Chèvre en concert'', on se précipiterait !

Peut-être même que pour un moment, je me sentirais moins mouton, rendue chèvre dans le tourbillon des transports parisiens !

A plus !

mercredi 15 septembre 2010

Dans l'antre des Halles

Alors voilà. Comme je disais dans le précédent post, après un hiver digne des romans de Jack London, avec juste les loups en moins, sans passage par le printemps, on a eu un très beau mois de juillet à Paris.
Je commençais mon nouveau travail, avec la chance d'y aller en Vélib', aubaine fabuleuse à Paris, qui est sans conteste la ville française championne de la promiscuité dans les transports en commun.
J'ai beaucoup flâné ce mois-là, et même, expérience ultime, je me suis aventurée jusque dans l'antre des Halles. Oui, les Halles... ce n'est plus un grand marché couvert comme son nom le rappelle; c'est devenu la plus grande station de métro du monde (Châtelet-Les Halles), et l'étage au-dessus, mais toujours en sous-sol, c'est un immense centre commercial en plein coeur de Paris.
''Les Halles, allez-y !''*
Cela pourrait être son slogan.
*...mais vous n'en reviendrez jamais ! pourrait être la petite note de bas de pub indispensable à toute publicité qui se respecte de nos jours, et qui revient à poser son exacte contraire
Autres exemples, à peine modifiés, qui vous parleront peut-être davantage :
''Bouffez plein de cette chantilly, mettez-en partout !''*
*Pour votre santé, évitez de vous bafrer de trucs aussi caloriques. Devenez une bête de sport pour compenser, et tout compte fait, évitez d'acheter ce produit.
''Achetez ce bon gâteau pur beurre ! Miam !
*''Pour votre santé, ne mangez surtout pas ce monceau de graisse et de sucre !!''
''Maman, Papa, on va à la Glace Quotidienne ?!''
* Pour éviter que votre enfant ne soit obèse et ne vous gonfle régulièrement avec l'achat de cette glace, ne passez plus devant ce panneau !
''Devenez plus belle avec des fesses plus bronzées grâce cette super crème''*
* Si vous ne voulez pas attraper le cancer de la peau, évitez de vous exposer malgré ce qui est écrit ci-dessus.
Ça s'appelle pas une injonction contradictoire ça ? On vous donne des envies, mais faut assumer après les conséquences, vous étiez prévenus . Ben voilà, notre société, très évoluée comme chacun sait, ne fait que ça : vous avez le choix entre tel et tel produit (puissance 100), donc vous êtes libres. CQFD !!! Y a qu'à voir le nombre de céréales ou le nombre de marques de yaourts, quasi identiques (c'est des yaourts quoi !) dont on dispose dans les supermarchés pour voir qu'on est dans une société où on est libre de nos choix, n'est-ce pas ?
Autre exemple : la pub hybride. Vous savez, c'est celle avec une fille qui a la tête d'une femme de 30 ans mais des hanches aussi étroites qu'une gamine de 15 ans, monstre mythologique moderne, hybride comme le sphynx, les sirènes...
''C'est l'été, mettez des petits monokinis ficelle à 5 euros made in bangladesh ''!
Là il la faudrait plusieurs astérisques !
*attention, ne faites pas ça dans la vraie vie si vous avez plus de 15 ans, ce serait immonde : maillot ficelle = effet bourrelets garanti''
*''en achetant si peu cher, vous participez à l'exploitation des pays émergents''
*''en fait,même quand c'est cher in fine, on exploite ces travailleurs, alors lâchez-vous sans remords''

Marre des pubs de femmes à poil et des potiches
Petit coup de gueule au passage, j'en ai ras-le-bol de voir des femmes à poil tous les coins de rue. Sur des revues, sur des panneaux, et dans les kiosques, à hauteur des yeux d'un adulte (ou à hauteur d'un enfant de 8 ans qui lève les yeux), on nous inflige la première page de plusieurs revues pornos, avec de petites étoiles sur le bout des seins, sur le sexe et le trouduc (appelons une chatte une chatte...).
J'ai l'impression d'être la seule que cela choque; j'en viens même à penser que nous ne sommes pas pour rien dans la montée du voile et de l'intégrisme. Dans notre pays, sous prétexte de liberté de la presse, la femme est exposée comme un bout de viande, son corps est utilisé de façon extrêmement banale pour le moindre objet de consommation : fringues, shoes, médicaments, yaourts, gel douche, matelas, vacances ou alors, bien sûr, pour des régimes, etc. et personne ne s'en émeut, cela paraît normal.
Les photos peuvent être belles, certes. Mais la finalité et les poses d'affiches de pub me gênent. Une photo d'art, une sculpture de femme nue, cela peut être beau, laid, émouvant, intéressant en tout cas, et ça n'a pas de fin autre que la recherche esthétique. Une pub, c'est bien autre chose : ça sert toujours à vendre quelque chose. Soit la femme est nue, ce qui la plupart du temps suffit, soit les poses sont sexualisées à l'outrance dans les pubs de mode (ou même de matelas !), on voit des jeunes femmes jambes écartées (pieds en dedans, tendre reste de l'enfance... ça doit faire ingénue), main négligemment posée entre les cuisses, fesses tendues en arrière avec le dos cambré, moue boudeuse, lèvres entrouvertes, léchant parfois une glace ou une sucette des fois que ça serait pas assez explicite...
Sérieusement, tout cela n'est plus subversif de nos jours. Donc le sempiternel argument libérateur, célébrant la beauté de la femme en même temps que son émancipation, ne tient plus la route. Je pencherais plutôt pour son contraire : cette image de la femme, quel modèle nous renvoie-t-elle sinon à la femme-objet, destinée non seulement à plaire, mais à plaire sexuellement, et en y allant de plus en plus franco. Je la trouve très aliénée et aliénante moi cette femme si dépendante de ce désir qu'elle est sans cesse supposée provoquer. Je ne trouve pas ça très sain. Et ce n'est pas en mettant autant d'hommes à poil qu'on résoudra la question (éh non mesdames, désolée...).
On est à présent dans la surenchère. Tout a tellement déjà été montré, comment retenir l'attention ? C'est ainsi que cet été, à Paris et dans d'autres grandes villes, on a pu voir nombre de femmes se tordre les chevilles, juchée sur des échasses faisant un peu... provocant pour le moins : 20 cm, clous, lanières, il ne manquait que le fouet ! Très fort la mode : ce qu'on appelait avant des ''chaussures de putes'', ont été à peine retouchées, et nous voilà avec du porno chic, - enfin chic, ça dépend pour qui, mais n'empêche, marcher avec ça c'est un tour de force ! Elles sont toujours prêtes à souffrir pour plaire, les femmes, on peut compter sur elles.
Les féministes sont beaucoup plus actifs dans les pays anglos-saxons. Chez nous, notre féminisme est peu fédérateur, j'ai le sentiment qu'on se perd en discussions, comme toujours. Comme l'Italie, nous restons fondamentalement un pays machiste, il n'est qu'à voir le peu de femmes élues. Le nombre de potiches dans les émissions-Tv italiennes bat tous les records je pense. La moindre émission de variété contient immanquablement un vieil homme et une grande, très grande jeune femme à robe à strass et hauts talons (hauts talents, avais-je écrit; peut-être, mais on ne le saura jamais, car elle n'est pas censée dire plus de trois mots !), le dépassant d'une bonne tête. On est dans des schémas plus que primaires : le patriarche vigoureux et la jeune femme qui fait joli et surtout : sexy. Car joli, c'est nase, maintenant il faut être sexy, en portant des habits réduits au strict minimum, ou en prenant des poses lascives, ou en portant des seins refaits, qui sont les plus efficaces en fait : ils parlent d'eux-mêmes. Mieux : ils semblent doués d'une vie propre, car bien droits, bien hauts, ils vous regardent, tels deux obus. Heureusement que le patriarche y a été habitué depuis ses débuts, à l'aube de la télévision, sinon son coeur aurait lâché depuis fort longtemps !
Prise au piège
Mais refermons cette parenthèse de révolte contre la société vilaine pas gentille capitaliste, et son peuple de moutons qui veulent tous avoir le même poil, même s'il faut pour cela se mettre à poil, et revenons à nos Halles.
J'étais avec deux amies, et j'avais 20 minutes avant un rendez-vous avec ma cousine, alors je me suis dit : ''Tiens si j'allais à la Fnac''. Je me rappelais y être allée un an auparavant. Naïvement, je croyais pouvoir m'orienter normalement, enfin je veux dire : j'avais oublié quel cauchemar c'était.
D'abord, rien que pour arriver au rayon livre, on a tourné comme des mouches étourdies par du vinaigre, on a tourné, viré, demandé. L'accès à la culture est ardu, comme chacun sait, nous persévérâmes donc. Au bout de 10 minutes, victoire, on arrive au temple du savoir !
Las, c'est à ce moment que ma cousine m'appelle : ''Bah alors ? je t'attends devant Saint Eustache !'' Damned, c'était déjà l'heure de mon rendez-vous ! Je prends congé de mes amies, qui elles, regagnent, insouciantes, le métro, seul endroit où il est facile d'aller.
Mais la sortie au grand air, bon Dieu, la sortie ! Les architectes qui ont conçu cette... chose étaient plus malins que Dédale pour enfermer le Minotaure ! Tel ce monstre sanguinaire, j'aurais été prête à me repaître de quiconque, si ça avait pu m'aider à m'échapper de cet antre de la consommation !
Attirée par la lumière naturelle comme un insecte en perdition, je me suis retrouvée dans l'espèce de cour au milieu, mais impossible de là de voir l'église, pourtant énorme, de Saint-Eustache, car cette cour est si encaissée qu'on y est comme dans un trou. Vers quel côté me diriger ? Est-ouest-sud-nord sont devenus gauche droite derrière devant ! Même pas de trace de de mousse sur des arbres pour m'indiquer le Nord (normal, il n'y en a évidemment pas)!
Comble de l'ironie ou du sadisme, on ne voit jamais de sortie même si elle est indiquée partout ! Plusieurs chemins sont possibles, mais aucun nom n'évoque rien, sinon des endroits kabbalistiques comme ''La Porte Carrée''. Mais elle pourrait bien être triangulaire ! On s'en fout, on veut trouver la sortie de l'Église Saint-Eustache, la voie du salut terrien!
Quand on ne sait pas où aller, on demande aux gens, et là, surprise : ceux qui y vivent toute la journée, vendeurs dans les boutiques, n'en savent pas plus ! Ils prennent tous les jours le même trajet, et basta (ils sont pas fous !), telles de braves taupes industrieuses, les malheureux. Tout à coup, je vois trois CRS qui tels Cerbère, le chien à trois têtes (sauf que là, c'est l'inverse...- bon, elle était facile celle-là, et gratuite, pas bien !), gardent ces lieux infernaux. J'oubliai de préciser pour les non-initiés que les CRS sont nombreux aux Halles car c'est le lieu de villégiature des d'jeun's de banlieue, qui n'iront jamais plus loin dans Paris (et pour quoi faire ? on a tout ce qui faut ici...). D'un geste, ils m'indiquent la sortie, toute proche, cachée au fond d'un couloir...
Avant ma libération, je regarde tous ces jeunes, friands, - non le mot est faible : avides de consommation, qui va les faire exister aux yeux des autres et éviter qu'ils ne soient, comble d'horreur, que des ''bouffons'' ringards. Non, ils ne sont pas pauvres, ils sont habillés comme dans les pubs ! Non, ils ne feront pas la révolution eux non plus (ma grand-mère dit toujours que ce n'est pas ma génération, élevée dans le confort, qui fera la révolution...). Ils ont mieux à faire : ils doivent acheter leur jean Diesel et leurs baskets Nike, et pour ça, même avec des bons plans, faut débourser, et faut taffer d'une façon ou d'une autre, régulière ou non. Ils sont comme tout le monde. Ils sont pris au piège, de l'image plus forte que le reste, de la frime, et de l'antre des Halles.
A plus !




jeudi 5 août 2010

Paris l'été


Alors voilà. Alors que la plupart des gens se dorent la pilule (enfin, ceux qui peuvent partir), d'autres travaillent.
- C'est bon, elle va pas nous faire braire maintenant qu'elle a trouvé un job ! 'Sait pas c'qu'elle veut celle-là...
- Non, justement, je n'écris pas pour geindre encore et toujours, mais pour vanter les charmes de Paris l'été ! Eh oui, vous m'avez bien lue, vanter les charmes de Paris...

Questions et explications idoines (oui ce mot convient bien, malgré son faux air de reptile):

- Reste-t-il des Parisiens à Paris l'été ?
- Réponse : très peu ! C'est ça qui est génial ! Ils partent, et en plus leur voiture disparaît avec eux !!! C'est purement génial ! À moi les avenues désertes en Vélib' ! Paris est à moi, à moi seule, ou presque, du coup j'aime Paris.

- L'afflux de touriste est-il gênant ?
- Réponse : pas du tout ! Ils sont si mal habillés que c'en est un bonheur : c'est si bon de voir des gens normaux, relax et pas des gravures de mode en hauts talons version péripatéticienne croisée avec Spartacus, mis à la mode cette année (bien joué le marketing !), ils marchent lentement au lieu de courir, ils ont le nez en l'air, ils sont contents d'être dans la plus belle ville in the world, et ils ont peur en traversant (éh oui, même avec peu de voitures, la conduite parisienne est sportive et les touristes ne savent pas forcer le passage comme tout un chacun); comme ils se déplacent souvent en bancs, vous laissez passer un groupe de 20 et hop, la rue est à vous à nouveau !

- N'est-ce pas ennuyeux d'être si détendu ?
- Réponse : un peu au début, ça fait bizarre, mais après on retrouve le plaisir du farniente, ou du rien foutre pour parler français.

- Pourquoi ne pas avoir profité de la toujours merveilleuse programmation culturelle ?
- Réponse : parce qu'il y a tellement d'offres, qu'on ne sait où aller, ni quoi faire. Comme quoi, un bon bal musette en bas de chez soi, il n'y a rien de tel. Et puis faut payer, parfois cher, se déplacer, c'est des efforts, et ...avoir réservé, suprême horreur. Je pense qu'on est bel et bien dans l'ère de la réservation : réservation de théâtre, d'opéra (jamais essayé cela dit), réservation d'avion, on avait l'habitude, mais maintenant c'est aussi le cas pour le train, - le train ! Syndrome de l'absence de place, là comme ça tout de suite, où on veut, là comme ça. A bas l'impro. Bienvenue dans l'ère du planning : planning familial, belle expression pour dire contraception et avortement, planning au boulot, temps saucissonné, découpé en rondelles horaires, planning pour un petit week-end : avec la sncf, tu prends 3 mois en avance sinon tu payes 3 x plus cher, planning de soldes (soldes pipeau : les prix sont gonflés, puis y a des soldes toutes l'année, à des prix juste normaux, alors on m'la fait pas !). Bref, tout ça pour dire que non, j'ai rien fait de spécial, culturellement parlant, mais ça ne fait rien...

- Alors pourquoi partir dans deux jours si c'est si bien Paris l'été ?
- Réponse : parce que personne ne comprendrait que je reste, n'étant plus au travail. Et puis je pouvais pas savoir moi ! C'est des petits plaisirs secrets, entre vous et moi... À plus et bonnes vacances !

mercredi 24 mars 2010

Homo flexibilis

Alors voilà. Travail et loisirs sont difficiles à concilier, c'est pas un scoop. Surtout dans le cadre métro-RER-bus-gros boulot-tout petit dodo. C'est pourquoi, très chers lecteurs toujours clairsemés (par-delà le vaste monde s'entend, car comme Dom Juan, mais en version philanthrope, j'ai un coeur à aimer toute la Terre...), j'ai passé deux mois sans vous écrire, et j'en suis bien désolée.

Se r-éveiller

Si j'écris aujourd'hui, c'est que, clouée au lit par une gastro dont je vous passerai les détails scabreux, je n'ai plus que ça à faire.
- Ouais, c'est bon la malade, sors donc ce que t'as dans le ventre plutôt !
- Justement, vaut mieux pas actuellement, si vous voyez ce que je veux dire...
- Ouais bon, façon de parler, arrête de tourner autour du pot...
- Encore ! ce que vous êtes lourds : je suis ma-la-deu, complètement ma- la- deeeu !

Mais quand le corps rappelle sa rude loi, on se souvient alors qu'il nous reste un cerveau, qu'en plus nous n'utilisons qu'à 10 %, ou quelque chose comme ça, comme l'ont bien dit les scientologues ou je ne sais quelle autre secte visant la pleine exploitation -financière, ultime supercherie- de nos capacités mentales.

Bref, que faire de cet organe resté amorphe, laissé pour mort ? L'utiliser pardi ! Et pour cela, il faut tout doucement se remettre à penser, et plus dur encore, à formuler sa pensée par la parole, ou mieux par celle qui ne fait pas de bruit : la parole écrite, qui laisse sa trace en silence, discrète, mais qui veut être lue, et n'attend pas forcément de réponses, mais des réactions secrètes, oui !... Si l'on pense sans parler, ou sans écrire, que se passe-t-il ? La gelée cérébrale remue, certes, mais ne tient pas. CQFD.
Que faire pour revenir à ses pleines facultés mentales ? Tout d'abord, une hygiène de vie est nécessaire. Qui ne dort que peu, ou trop peu, ou mal, pense peu, trop peu ou mal. Les nerfs en pelote, sa vie n'est que souffrance et gémissements. Du coup, sa paupière droite (c'est toujours la droite) tremble intempestivement, c'est une sorte de lifting vrombissant, qui vous donne l'impression de ressembler à de la tôle ondulée, alors que rien n'y paraît... Damned, même votre oeil vous échappe et ça ne se voit même pas !

L'Homo flexibilis est arrivé !

Ensuite, après une cure de magnésium, retrouver la douceur de la routine : l'Homme est un être d'habitudes. C'est pas vrai qu'on est flexibles, adaptables, dynamiques et tout le bataclan qu'on sort pour se faire embaucher, augmenter, etc.
Comme il y a deux mille ans, on aime toujours manger, boire, dormir, se reposer, jouer, et on travaille parce qu'il le faut. Et comme il le faut, autant le faire bien. Mais on n'est pas sur Terre POUR travailler, travailler, arrêter un peu de travailler et aller travailler. Ou si ? Me dites pas qu'on est arrivés à la fin de l'Histoire, au point G du Développement ? Parce que si c'est le cas, je dis : remboursez ! Je retourne planter des betteraves, je n'aurai qu'une seule robe, une cabane en pierres et des chèvres. Ça vaut pas le coup de dépenser son temps et de dépenser son énergie pour dépenser son argent ! Mais alors il faut éradiquer la télé, les affiches, qui suscitent l'Envie, cette gueuse. Tout le monde n'est pas un petit ascète incorruptible.

Mais il faut bien convenir qu'après la chute de l'Homo Oeconomicus vient l'ère post-moderne (car maintenant on est après, ça me paraît clair...) de la grande remise en question et on voit apparaître la race mutante de l'Homo flexibilis qui tel Janus a deux faces intimement liées :

1) l'Homo otiosus obligadusque (traduisez : ''L'homme oisif et obligé (de l'être)" - obligadus, ça n'existe pas, mais c'est pour que tout le monde comprenne). Ben voui, va falloir trouver des occupations, je vous l'dis moi parce qu'on redécouvre l'otium antique, bien obligés, si on a le malheur de vouloir changer de boulot, je vous parle d'expérience, ou s'il y a eu licenciements économiques, licenciement tout court, ou la banale fin de CDD, ou encore ceux qui ont jamais trouvé : les jeunes, deux fois plus nombreux à ne pas avoir de boulot 6 mois après leur diplôme, quand ils en ont un, et qui, ainsi, comprennent de suite la couleur.
Et l'alter ego de l'Homo otiosus obligadusque est ...

2) l'Homo laboriosus fatigatusque (l'Homme qui travaille et qui est fatigué de le faire). Ici je ne détaille pas tout le monde (sauf ceux qui ont jamais travaillé) connaît.

Donc l'Homo flexibilis apprend que rien ne dure, rien n'est stable, et que si d'aventure il veut changer et non être échangé, ce sera dur, très dur, car la Société, telle un suzerain, n'admet pas qu'on veuille être flexible pour soi.

Comment sortir de ce dilemme ? Il faut partager le travail ou réorganiser le travail, cela paraît évident, mais comment ?

Il faut réagir, sinon on va finir encore plus aliénés qu'avant. Avant, Arlette disait :
''Travailleurs, on vous spolie !''
Maintenant, c'est nous qui disons : ''S'il vous plaît, exploitez-moi ! Spoliez-moi ! Exfoliez-moi même mais prenez-moi ! Mais me laissez pas où je suis.''
Où on est, c'est-à-dire dans la nada de nada du no man's land. C'est ainsi qu'il y a quelques jours, une amie a éclaté en sanglots. Ça fait un an qu'elle est au chômage, qu'elle se bat contre des moulins. Elle est dans la com', enfin, plutôt hors de la com' en l'occurence. On l'a fait aller à Genève pour un entretien avec un groupe basé aussi... à Paris. Nada. On lui a proposé de travailler à l'oeil pour se faire de l'expérience (elle en a déjà, elle a 32 ans...). Nada. Bref, quelle issue ? Comment ne pas craquer ? Que lui dire, à part les mots trop usés : Tiens bon, courage !

Le Monde d'hier

En fait, je me demande comment c'était avant, dans un monde stratifié et stable. C'est le passé qui aujourd'hui me paraît être de la science-fiction. Je ne suis pas pour retourner à un monde où on naît riche et on le reste, et idem pour les pauvres, mais quand même on pourrait pas arriver à un juste milieu ?
Le livre de Stefan Zweig, Le Monde d'hier, que j'ai adoré et dont j'ai rabattu les oreilles à mon entourage proche (ce sont les premiers heureux quand j'écris au lieu de parler), donne des indications précieuses à ce sujet et nous fait voyager dans le temps. Né en 1882, l'auteur raconte, lors de son exil en 1941 au Brésil, fuyant les nazis, lieu où malheureusement il s'est suicidé en 1942 avec sa femme (fallait attendre encore un peu, bon sang !), à quoi ressemblait l'Europe dans la première moitié du siècle. Je n'ai pu m'empêcher de rêver de cette époque.

Chose amusante, les bourgeois d'alors faisaient tout pour paraître plus vieux car c'était signe de maturité : ils se laissaient pousser la barbe, marchaient lentement, prenaient de l'embonpoint. Voyez ce que vous avez loupé messieurs ! Il parle peu des femmes si ce n'est pour évoquer le changement dans l'entre-deux guerres, l'abandon des corsets pour des coupes plus confortables, et le développement d'une camaraderie avec les garçons, une plus grande liberté de moeurs.

Il raconte comment on pouvait voyager sans visa, sans passeport partout dans le monde. Citoyen du monde, et surtout fervent croyant en l'Europe, lui-même voyage sans cesse, rencontre de nombreux écrivains et artistes et devient leur ami (Romain Rolland, Rodin, Émile Verhaeren, Rilke...). Il raconte enfin la montée des nationalismes, l'avènement d'Hitler, l'incrédulité des gens qui ne croient pas qu'une deuxième guerre puisse avoir lieu. Il dit comment tout ce qu'il a construit s'est effondré. Alors qu'il était reconnu, étant Juif, ses oeuvres sont censurées. Et puis l'exil. L'exil forcé, ce n'est pas le voyage. Ce philanthrope résistant et mobile, cet artiste merveilleux, n'y a pas survécu. Parce qu'il lui manquait l'espoir.

Appel à la population !

De même, l'oisiveté qu'est le chômage, ce ne sont pas des vacances. C'est une tension permanente vers un inconnu qui se dérobe sans cesse. Alors, en attendant la reprise, si tant est qu'il y en ait une, qu'est-ce qu'on peut faire ? Moi, je dis qu'il faut se regrouper et en parler pour commencer. Avis aux amateurs ! Puisque c'est un vrai problème, il doit bien y avoir une solution, non ?

Sur ce, à plus !

dimanche 31 janvier 2010

Contentements dans le contentieux

Petite chèvre cambodgienne mangeuse de noix de coco (si si, il y a un rapport)

Alors voilà.
Vous vous rappelez peut-être que je suis à la recherche d'autres voies que le professorat (c'est 42 ans aujourd'hui qu'il faut effectuer comme bons et loyaux services, je n'en suis qu'à 9 et cette perspective plus que bouchée m'effraie un tant soit peu!). Mais les voies du Très Grand sont parfois... comment dire ? inexplicables, et surtout parfois très cocasses comme en ce moment où je bosse dans le contentieux, mais oui le contentieux...

Suite à ma mésaventure avec Excel à Auchan (cf post précédent), j'ai appris que l'agence d'interim avait fini par envoyer un informaticien, ce qui a soulagé grandement mon ego amoché dans cette sombre histoire. Non, je n'étais pas une incapable, et ouf, l'honneur était sauf !

Et puis, il y a deux semaines, je reçois un coup de fil de ladite agence (la dame qui me suit est une dame adorable qui s'appelle Christine) :
- Vous connaissez le contentieux ?
- Euh, non....
- Vous apprendrez; c'est une agence immobilière qui cherche une assistante polyvalente intelligente et aimable pour le service contentieux, j'ai pensé à vous !
- Ah c'est gentil....
- L'embêtant c'est que c'est à G***... c'est un peu loin.
- Ah, ben je vais regarder sur le site de la RATP, et puis je vous rappelle...

Alors ça indiquait qu'il fallait 45 min, pas de quoi fouetter un chat (en fait il s'avère que j'ai mis une fois 45 min, la règle c'est 1h, 1h15). J'ai dit ok, c'était pour le lendemain.

Alors pour tous ceux qui comme moi avant, en ont une idée floue, le contentieux, ça désigne juste ceux qui ne paient pas. Voilà, c'est tout simple.

Je me pointe dans cette sinistre banlieue, le long du RER D. G*** est une petite bourgade qui aurait pu être coquette, mais ça sent, comment le dire ? ça sent le rance, tout paraît moisi... Pas loin, un bar PMU... des visages sinistres. La grisaille encore plus grise.
L'agence immobilière est immense à l'arrière de la boutique. Une vingtaine de gens y travaillent ! En fait, ils s'occupent de gérance et de copropriété, les mamelles de leur activité, avec la location et la vente.

Alors au début, je ne comprends rien à rien. Ma plus grande activité consiste à le cacher et à essayer de comprendre ce qu'on veut m'expliquer... Il me faut classer une pile de 40 cm d'épaisseur de papiers en tous genres : huissiers, avocats, courriers des particuliers. Repérer les codes pour savoir où classer dans les multiples classeurs et dans les hamacs (mignon n'est-ce pas ?) qui soutiennent des dossiers qui dorment et se balancent...
Je passe une journée et demie à cette besogne, la tête inclinée à gauche pour lire la tranche tout en me demandant : "Mais qu'est-ce que je fous là ?"

Les transports sont folkloriques : métro, RER, puis bus, qui part souvent au même moment que le RER arrive, donc on court dans l'espoir de ne pas avoir à attendre 12 longues minutes dans le froid. C'est le progrès. Si on avait vécu 30 ans auparavant, on aurait planté des betteraves sans doute. Aurait-on été plus malheureux qu'en rentrant des chiffres sur un logiciel ? Je ne sais pas.

J'arrive, il fait nuit. Je repars, il fait nuit. Cette anormalité est normale puisque tout le monde le fait. 9h-18h, 39 h par semaine, ce sont les horaires de bureau, horreur de bureau !

Mais peu à peu je me sens utile, j'accomplis d'autres tâches en ma qualité d'assistante polyvalente : je rentre des chèques différés; une vraie cochonnerie ces chèques différés : chacun peut les mettre à la date qu'il veut dans le mois, mais moi je dois les regrouper par jour, ça me prend une demie-heure par jour !
Je fais aussi des quittances manuelles, eh oui, manuelles, on est au 21ème siècle, tout est sur l'ordi, mais il faut le faire à la main, cherchez pas, c'est comme ça (il faut que les gens paient pour l'avoir informatisé, comme ils paient pas mais qu'ils y ont droit, c'est bibi qui s'y colle !).

L'ambiance est sympa, ça aide. Le matin, je réponds au téléphone, j'adore ! Les gens sont tellement heureux quand on s'occupe d'eux ! Comme une personne me demandait l'état de son compte et qu'il n'avait rien à payer (chose rare, on est dans le contentieux !), je lui ai dit : "Ça va, Monsieur, vous êtes en règle !" -"Circulez !" ont ajouté mes collègues d'à côté en pouffant.

Bref, voilà, s'il n'y avait pas la fatigue des transports, ça irait. J'ai l'impression que je fais ce métier depuis 20 ans ! Notre secteur est un des plus gros secteur de contentieux en France, c'est dire l'état de dégradation sociale... J'ai appris qu'expulser quelqu'un est très difficile et que certains en profitent (si l'on peut dire, car je ne pense pas qu'ils doivent avoir une très belle vie...), certains n'ont pas payé un centime depuis 4 ans, et doivent 25 000 euros... Une fois que toute la procédure est faite (ce qui est très long, car on cherche des solutions à l'amiable, on relance, on propose d'étaler les paiements), ça prend souvent 1 à 2 années, il faut que la Préfecture intervienne, au besoin avec les gendarmes, et parfois elle ne le souhaite pas si elle est "sociale".

Un vendredi, en revenant, j'ai pu enfin voir le paysage car le vendredi on sort une heure plus tôt. Alors, j'ai vu sur la ligne du RER D, juste avant Sarcelles un homme sur un toit de tôles, en train de le réparer... en regardant plus attentivement j'ai vu avec stupeur d'autres maisons en tôle à côté, et encore d'autres couvrant toute une petite colline...oui, je n'en croyais pas mes yeux, mais c'était bel et bien un bidonville qui était, pudiquement caché par une haie !! J'apprendrai plus tard qu'il s'agit d'une décharge et que des Manouches y vivent. Quelle misère sociale... Et pourtant il existe tant d'aides...

Désolée de vous plomber encore le moral. Peut-être que la prochaine fois j'aurai une mission avec le gratin parisien, who knows ? mais quelque chose me dit que même chez eux ce ne doit pas être reluisant.

Mais il y a de belles choses en ce bas monde, et il faut en parler aussi... Aujourd'hui je me suis promenée avec des amis dans la forêt de Saint Germain-en-Laye, d'où on peut voir Paris et la Défense au loin, où les enfants ont les joues roses et les yeux brillants. Chose incroyable, le soleil brillait aussi !
Au retour, une chèvre que j'étais allée voir de plus près (j'adore les chèvres, elles sont si douces et si vives, et leurs pupilles rectangulaires me fascinent) m'a piqué les lierres que j'avais cueillis pour faire des plantations, j'ai bien cru qu'elle allait quitter son box pour me suivre !

Demain je reprendrai le RER D pour une semaine encore. J'ai beaucoup de respect pour ceux qui le font tous les jours, dans quelque sens que ce soit... mais quelle vie ils ont ! Ne peut-on pas trouver des métiers qui n'obligent pas ce temps perdu ?

Sur ce, à plus !

mercredi 13 janvier 2010

Excel-lente Année !




Excel vous simplifie la vie... malgré vous


Connaissez-vous Excel ? Bien sûr, qui ne le connaît pas ! C'est ce sublime logiciel sans lequel plus rien sur terre ne pourrait exister : on y met des nombres dans un tableau, c'est vous dire son importance. Bon là je schématise à l'extrême, en fait, c'est beaucoup plus subtil : il y a de grands tableaux constitués de petites cellules, qui sont très sensibles, et drôlement futées car on peut les sélectionner et créer des fonctions, ouaip des fonctions (pourcentages, moyennes, etc), ce qui nous fait gagner beaucoup de temps, parce qu'on n'est plus obligés de faire chaque opération à la calculette comme au bon vieux temps de la Casio.

Enfin, ça c'est en théorie. Parce qu'en pratique, combien de gens savent programmer ces maudites fonctions ? Moi, si on me le fait devant moi, je peux les reproduire tout de suite après, mais le lendemain, pfuiit ! je n'ai plus aucune idée de ce qu'il faut faire... Comme disent les enfants avec fatalisme, écartant leurs petits bras et leurs petites mains, quand quelque chose a disparu : ''A p'u !'' Ben c'est pareil pour moi : ''A p'u Excel'', -disparu, envolé. C'est quelque chose qui se pratique, ça ne se fait pas comme ça... Alors exceller en Excel, je vous raconte pas la gageure. Faut s'y mettre, et pratiquer jusqu'à plus soif... soif de chiffres et de colonnes s'entend, de cliquer-droit, dans le bon menu, - donc jusqu'à plus faim aussi !

Et vous savez quoi, c'est devenu normal de maîtriser Excel; maintenant, tout le monde doit savoir faire ça. Cette compétence n'est même pas reconnue ! J'en sais quelque chose, je l'ai testé ! Éh oui, j'ai essuyé ce matin-même l'humiliation du rejet du monde de l'Excel-ence. Mais il faut d'abord que je fasse la reconstitution des faits...Commençons par le commencement.

08/01/10
Interim et pic et pic et colegram


Il y a quelques jours, je me suis dit que pour montrer ma bonne volonté, et sortir de chez moi plus souvent (le chercheur d'emploi est un chasseur solitaire), j'allais faire de l'interim; ça me permettrait d'en apprendre plus sur le fonctionnement de l'entreprise. Donc je me suis allée m'inscrire dans un agence d'interim de secrétariat, où d'abord la dame, quand elle a vu mon CV sur-diplômé, n'a pas compris ce que je faisais là.
Moi j'ai dit : ''Je suis pleine de compétences dont personne ne veut et en attendant je veux m'occuper pour avoir d'autres compétences, sortir de chez moi, voir du monde, et accessoirement gagner des sous ''. J'ai pas dit ça comme ça, parce que je suis pleine d'affection pour moi-même, - plus communément appelé ''amour-propre'', et parce qu'allez savoir pourquoi, il est quasiment toujours incorrect en société de dire les choses telles qu'elles sont.
Mais je pense qu'elle a compris quand même le message parce qu'elle m'a répondu : ''D'accord, je vais voir ce qu'on peut faire''.

Mots dits sur Word


J'ai alors été soumise à un test de correction orthographique et de mise en page sur Word (pour les non-anglophones acharnés et fiers de l'être,- oui Maman je pense à toi !-, ça veut dire ''Mot'', et c'est un logiciel de traitement de texte; ils sont pas très imaginatifs les créateurs de logiciels... en même temps, ''Word'' c'est le génie de la simplicité). Le tout minuté. Il fallait faire 10 minutes. Moi j'en ai mis 20...pas fameux, mais c'était juste !
Il faut dire que j'ai mis du temps à comprendre le sens du texte : elles étaient fausses leurs erreurs,- vous voyez ce que je veux dire ? Je m'explique : moi j'ai l'habitude des vraies erreurs des élèves, qui sont des erreurs souvent très logiques, là c'était juste bête.
Je vous donne un exemple à peine exagéré: ''Jeu vous remercit de votre acceuil bien veillant de ce matein''(Sic).

Mac le faux Maquereau


Et il faut dire aussi à ma décharge qu'on m'a mise sur Word sur PC, alors que moi j'utilise OpenOffice (''Bureau Ouvert'', sympa non ? Tout de suite, ça donne envie d'y entrer) sur Mac. Mais bon Word, ça va, c'est des mots, gentils les mots. Pas de fonctions compliquées. Et puis c'est rigolo les mots... Quand une femme dit : ''J'ai un Mac'', il y a toujours certains non-initiés pour tiquer en se demandant vaguement ce qu'il est en de la moralité de la sus-dite femme... - Ce qui me fait toujours penser à la réplique d'Orgon dans Tartuffe qui nous faisait nous poiler immanquablement lors de nos répétitions : Hors sus ma fille, dénichons de séant !- Lisez-la à voix haute, vous comprendrez... - D'accord c'est pas très raffiné, mais on rigole comme on peut, attendez voir la suite, digne de Crimes et châtiments, ou Marie Chapdelaine, - parce qu'il neige dans ces romans comme en ce moment à Paris, et que leurs personnages ont plein de malheurs, comme moi !- Ok c'est du pur égocentrisme d'auteur, c'est vrai, mais c'est comme ça, vous avez qu'à écrire si vous préférez parler de vous ! Mais comme le dit si bien Hugo : Ah ! Insensé qui crois que je ne suis pas toi ! Il est trop fort ce Hugo pour trouver des sentences pareilles... Cela dit, je sais pas si ma souffrance de ce matin va vous parler à vous, mais bon, c'est parti.

13/01/2010
8:30-Auchan : Excel m'a tuer


Donc ce matin, j'arrive à Auchan, -un Auchan en construction pour être précise, pour faire 3 jours de saisie Excel, avec programmation, j'avais été prévenue; mais moi avec une rémunération au SMIC, je pensais pas qu'on allait me demander des trucs trop compliqués, je m'étais un peu entraînée la veille, histoire de me dérouiller. Erreur ! La chargée de recrutement voulait que je fasse apparaître des pourcentages sur...1300 candidatures !! -Combien avaient été contactés au téléphone, combien devaient être recontactés, avec des croix, j'en passe et des meilleures. En plus, il fallait tout vérifier dans les dossiers papier car rien n'avait été fait dans l'ordre au début...Personne ne pouvait me montrer par où commencer pour programmer les fonctions. Bref, j'ai dû décliner. On n'avait rien d'autre à me faire faire. Je suis rentrée bredouille. Excel m'a tuer... Mais la prochaine fois, je l'aurai ! Je me suis promise intérieurement de le potasser avec un livre du genre ''Excel pour les Nuls'', - collection qui a eu le nez fin en marketing : on se sent nul tellement facilement quand on ne maîtrise pas quelque chose...

9:30-Misère dans le Métro


Puis, sur le chemin du retour, dans le métro, j'étais perdue dans mes pensées, ruminant ma défaite sur ce logiciel qui avait mis en échec ma première mission d'interim, quand une pauvre femme grimée comme au cirque, avec du rose à joues rose vif, et des sourcils charbonneux, âgée, s'est mise à genoux juste devant moi, disant qu'elle avait faim. Instinctivement, je l'ai prise par le bras pour la relever, mais elle est restée agenouillée. Deux autres personnes et moi lui avons donné une pièce. Hors du tram, je lui ai proposé mes deux mandarines qu'elle a acceptées; nous nous sommes parlées. Elle m'a dit qu'elle était en foyer d'accueil la nuit, mais que le jour elle ne savait où aller, et que la nourriture qu'on distribuait aux Restos du Coeur était avariée et l'avait rendue malade. Était-ce la vérité ? Je n'en sais rien. Mais en me parlant, elle ressemblait à nouveau à un être humain, en tellement fragile, et plus à ce tas inerte agenouillé, image extrême, insupportable, de notre propre impuissance à l'aider à garder sa dignité.

10:00-Austerlitz : Il neige sur des hommes


Puis à la gare d'Austerlitz, j'ai vu des gens enveloppés dans des couvertures sur des bouches de métro, entourés de neige. Je suis passée à côté d'eux, -que pouvais-je faire d'autre ? Mais quel est ce monde dans lequel nous vivons ? Que pouvons-nous faire pour eux, nous qui sommes au chaud et mangeons à notre faim, -tiraillés uniquement par notre âme, trop exigeante sans doute ? Hier dans ma rue, en plein 11ème, j'ai vu trois personnes fouiller dans des poubelles. 3 personnes en 100 mètres...- je n'ai pas besoin de faire des statistiques sur Excel pour savoir que cela doit faire beaucoup au total. Chacun ne peut-il pas simplement avoir une place dans la société ? Pourquoi cela doit-il être si compliqué ? À quoi sert donc l'accroissement exponentiel de nos richesses ?

2010-Bonne Année quand même


Et puis pour finir comme un cheveu sur la soupe : Bonne année 2010 !
Oui, bonne année quand même, bonne année vraiment, sur cette terre imparfaite, et pourtant belle malgré tous les maux qui l'affligent, pardonnez-moi si j'énonce un lieu commun sur … notre lieu commun. Liés que nous sommes par l'énergie de la vie, je veux croire que nous pouvons l'améliorer un tout petit peu, à notre niveau, d'une façon ou d'une autre, pour qu'il soit plus doux d'y vivre. Ayons un rêve, un doux rêve, un rêve ambitieux aussi, puisque c'est ainsi que tout commence. Puis quand il s'est formé dans notre esprit, poursuivons-le, traquons-le, et enfin fabriquons-le, et peut-être qu'alors il nous ressemblera puisque, comme le dit Shakespeare : Nous sommes faits de l'étoffe des rêves.

À plus !