vendredi 27 novembre 2009

Indiana Jones et le mystère des emplois cachés...



Indi se demande aussi où sont les emplois cachés...

Alors voilà. Quand on sort des sentiers battus, où se retrouve-t-on, dites-moi un peu ? Eh bien oui, vous l'avez trouvé : on se retrouve dans la forêt, dans la jungle, dans la savane, la steppe, le maquis corse, bref en tout cas, dans un monde sauvage dont il faut comprendre - fissa - le mode de fonctionnement pour survivre.

C'est ainsi que quand on quitte son job de toujours pour en trouver un autre plus approprié, plus motivant, bref, plus nous, eh bien on se retrouve dans la death zone de la recherche d'emploi, que même Indiana Jones aurait eu du mal à appréhender (dans la 1ère demi-heure du film). Parce que cette zone est pleine de mystères et de dangers... (ici, imaginez des croassements de corbeaux, oiseaux funestes s'il en est).

Saviez-vous par exemple qu'il y a un "marché caché" de l'emploi ? Si si, je vous jure. C'est la conseillère du Pôle Emploi qui me l'a dit hier. Car je suis à présent inscrite au Pôle Emploi, cette Terra Incognita où j'ai finalement eu l'audace d'aller telle une aventurière des temps modernes ! En effet, j'ai appris récemment que si on recherche un emploi,même si l'on ne bénéficie pas de chômage, on peut quand même bénéficier de conseils... Tous charmants au Pôle Emploi Voltaire d'ailleurs, je vous recommande cette adresse ! Il y fait chaud, les gens sont très gentils, il n'y a pas grand monde (moi je croyais que ce serait bondé de chercheurs d'emploi vu que c'est la crise, mais non, c'est un endroit rationnel, où les gens viennent sur rendez-vous, au compte-goutte).

Après une heure et demie d'entretien (je n'en revenais pas de tant d'attentions !), on me donne rendez-vous la semaine prochaine avec l'agence de conseils Psychoform (bizarre comme nom !) pour ne pas la nommer, et alors je saurai tout sur ce fameux marché caché qui m'intrigue beaucoup,- et par voie de conséquence, ne sera plus un marché caché, enfin pour moi, à priori... Mais pourquoi tant de mystères ? Les recruteurs ont-ils peur d'être submergés davantage par les candidatures ? Peut-être que certains jobs, tel le bon vin, mûrissent tranquillement dans des caves ? Et ne sont goûtés que par de rares initiés !

L'emploi serait-il nouvelle religion à mystères ?! On vit vraiment une époque formidable... Je pense que chercher du travail devrait être reconnu comme une compétence en tant que telle, et que loin de le cacher, il faudrait le mettre en avant ! Ces dernières semaines, grâce à une amie travaillant dans une maison de l'emploi, j'ai appris les arcanes de l'art du CV et de la lettre de motiv ciblés, dont le moindre mot doit être pesé et surtout utile. À l'aide de ses conseils, j'ai passé des journées à retravailler ces documents pour deux postes, les premiers vraiment intéressants en trois mois de recherche. Sans compter les séances épiques avec des crampes dans le bras où je me suis prise moi-même en photo pour le CV ! Avoir l'air sérieux sans avoir l'air cadavérique, sourire sans avoir l'air demeuré... Bref toujours cette idée d'apparence... Des fois je me dis : pourquoi pas, à diplôme égal, des recrutements par tirage au sort avec mise à l'épreuve ?! Ça serait peut-être un gain de temps pour tout le monde !

Sur ce, à plus !

mercredi 4 novembre 2009

Simone Weil, Le Courage de l'impossible


Alors voilà. Je viens de finir de lire la biographie de Simone Weil, pas la femme politique, l'autre : la philosophe inclassable née en 1909, et morte à 34 ans. Je vous recommande ce livre absolument. Christiane Rancé, sa biographe, écrit de façon magnifique, concise. Et on pleure à la fin parce que c'est juste beau et triste, et qu'on aurait envie que cela finisse autrement. Mais cela ne pouvait pas finir autrement car Simone Weil meurt fidèle à elle-même : d'une exigence absolue envers elle-même, d'une cohérence absolue avec ses principes.

Très tôt, dès l'âge de 14 ans, elle renonce à toute vie sentimentale, et ne se donne qu'un seul but : la quête de la Vérité, de l'Amour du prochain.

Prof de philo, normalienne, élève d'Alain qui se rend compte de son potentiel exceptionnel, alors qu'on l'envoie enseigner dans le Massif Central pour l'éloigner car elle dérange par ses invectives communistes (sans jamais adhérer au Parti), elle se met à donner des cours aux travailleurs,et fait scandale en allant avec eux dans les cafés.

Comment soulager la détresse humaine ? Pour la faire sienne, elle va jusqu'à travailler un an et demi en usine, pour comprendre dans son être le sort des ouvriers. Elle se sent de son propre aveu marquée à jamais comme une esclave, connaît l'épuisement et l'absurdité des taches répétitives, vit les rapports déshumanisés, le chacun pour soi, se surprend à obéir "comme une bête de somme". Elle fera aussi les vendanges, les pieds en sang et le dos meurtri, s'obligeant à la même cadence que les autres. Toute sa vie, elle pratiquera l'ascèse comme mode de partage, refusant les tickets de rationnement, les offrant à d'autres, dormant par terre pour partager le sort des prisonniers pendant la guerre; c'est ce qui la tuera d'ailleurs.

Toute sa vie, elle allie la pensée et l'action avec une soif et une énergie incroyables, paraissant presque enragée à ceux qui croisent son chemin, d'autant plus qu'elle se souciait comme d'une guigne de son physique, ce qui choquait, mais tous demeurent impressionnés.
Pacifiste, elle va quand même sur le front pendant la guerre d'Espagne pour soutenir les camarades; puis pendant l'Occupation, elle n'a de cesse de demander un visa pour l'Angleterre,car son souhait est d'être parachutée sur le front, allant à une mort certaine. Elle voulait constituer un groupe d'infirmières de choc, dont elle aurait fait partie. Trop faible, personne ne consentira à sa demande. De Gaulle la croit folle.
Parallèlement à la Résistance,la fin de sa vie est marquée par le mysticisme, une foi toute personnelle, sans baptême ni lien avec l'Église, magnifiquement décrite.

Je ressors estomaquée de cette lecture, galvanisée par son courage, sa générosité, son abnégation et sa droiture, et j'ai hâte de me procurer ses écrits (dont La Pesanteur et la Grâce, L'Enracinement), tous posthumes.

Je vous livre quelques passages, que je trouve beaux.

Expliquant pourquoi elle refuse de se nourrir :
" Étant donné la situation générale et permanente de l'humanité dans ce monde, peut-être bien que manger à sa faim est une escroquerie".

À ses parents,avant son départ pour New-York où elle doit s'exiler un temps :
" Si j'avais plusieurs vies, je vous en consacrerais une, mais je n'en ai qu'une et je dois la vivre."

"La foi ne doit être défendue que par l'innocence et l'amour."

"Il est bon d'aimer au point de paraître fou."


"La violence du temps déchire l'âme. Par la déchirure entre l'éternité."


En adieu à un ami, avant sa mort :
"Je charge les étoiles, la lune, le soleil et le bleu du ciel, le vent, les oiseaux, la lumière, l'immensité de l'espace, je charge tout cela, qui reste toujours avec toi, je charge tout cela de mes pensées pour toi et de te donner chaque jour la joie que je désire et tu mérites tellement."

À plus !